vendredi 29 mai 2009

M. Sarkozy veut "sanctuariser les établissements scolaires"

LE MONDE | 28.05.09

"Nous devons sanctuariser les établissements scolaires." Après avoir énuméré les incidents des dernières semaines, Nicolas Sarkozy a annoncé, jeudi 28 mai, en fin de matinée à l'Elysée, une série de mesures, qui reprennent les propositions du ministre de l'éducation Xavier Darcos, à l'exception des sanctions financières infligées aux parents.

"J'entends les bonnes consciences qui crient au scandale quand le ministre de l'éducation nationale propose d'installer des portiques de sécurité à l'entrée des établissements. Bien sûr qu'il est regrettable d'en arriver là. Mais comment agir autrement dans un tel contexte. Attendre que l'irréparable se produise ?", a déclaré M. Sarkozy, citant les 17 morts de Winnenden en Allemagne en mars.

184 établissements parmi les plus sensibles vont faire l'objet d'un "diagnostic de sécurité à l'issue duquel seront adoptées toutes les mesures nécessaires", qu'il s'agisse de l'installation de portiques ou de mesures de vidéo-surveillance. L'idée est de faire du cas par cas.

M. Sarkozy estime que "les personnels de direction et d'encadrement [des établissements scolaires] devront à l'avenir disposer des moyens de s'assurer que les élèves ne transportent pas d'armes. A cette fin, ils recevront une habilitation spécifique qui leur permettra de faire ouvrir les cartables et les sacs". La fouille des cartables nécessite selon les juristes une modification de la loi.

S'y ajoute le durcissement de la répression : l'intrusion dans un établissement scolaire ne sera plus une infraction, mais un délit. Les violences contre un agent de l'éducation nationale constitueront à l'avenir des circonstances aggravantes, également lorsqu'elles se produisent à l'extérieur de l'établissement. Enfin, les établissements scolaires sont invités à avoir un "policier référent" dans le commissariat voisin.

CRITIQUES POUR "MAM"

Ce plan s'inscrit dans un plan de lutte global, contre l'insécurité, alors que la délinquance repart à la hausse. M. Sarkozy, qui a assis son crédit politique sur la lutte contre la délinquance, se livre à une critique à peine voilée des résultats obtenus par sa ministre de l'intérieur Michèle Alliot-Marie : "Il faut tout autant dire la vérité quand surviennent des évolutions moins favorables. Les résultats de ces derniers mois contrastent avec l'évolution observée depuis sept ans."

Les crimes et délit ont augmenté de près de 4 % en mars, d'un peu plus de 2 % en avril. "Les chiffres de mai ne seront sans doute pas très bons", a affirmé M. Sarkozy qui estime que "la priorité, aujourd'hui, c'est la reconquête des quartiers sensibles".

Le chef de l'Etat veut se concentrer sur vingt-cinq quartiers, dont vingt-et-un en région parisienne, qui sont "rongés par la délinquance, le trafic de drogue et le trafic d'armes". "Aucune rue, aucune cave, aucune cage d'escalier ne doit être abandonnée aux voyous. Je veux que se multiplient immédiatement les opérations coups de poings".

M. Sarkozy propose la création d'une police d'agglomération, d'abord en région parisienne. Le préfet de police de Paris aura la responsabilité de la sécurité de la capitale mais aussi la petite couronne. Il demande à ce que 200 fonctionnaires de police en plus soient affectés en Seine-Saint- Denis.

M. Sarkozy demande la constitution d'un groupe de travail pour lutter contre le trafic d'armes. Il veut que tous les services de l'Etat marchent mais dans la main, y compris le fisc et les douanes. Pour le chef de l'Etat, "il n'y a pas à mes yeux de secret professionnel qui tienne, entre services de l'Etat, lorsque la sécurité des Français ou celle de l'Etat est en jeu". Il demande l'accélération du rapprochement police-gendarmerie. "J'ai voulu cette réforme et j'entends qu'elle soit menée à son terme, Madame la ministre, dans les plus brefs délais." Michèle Alliot-Marie est prévenue.

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