samedi 28 mars 2009

Education: 25 organisations appellent à "1.000 manifestations" le 2 avril

AP

Le collectif "Une école, votre avenir" -qui regroupe 25 organisations dont les principaux syndicats de l'Education- a appelé jeudi à organiser "1.000 manifestations" diverses à travers toute la France le 2 avril contre la politique éducative du gouvernement.

"Plus que jamais dans ce contexte de crise, l'enseignement et la formation des jeunes ne sont pas un coût mais un investissement pour l'avenir. Ils sont le meilleur rempart contre le chômage", écrit le collectif, composé notamment de la FSU, du SGEN-CFDT, de la FERC-CGT, de la FAEN, de Sud, de l'UNSA ou encore de l'UNEF, de la FIDL, de l'UNL et de la FCPE.

Le collectif "appelle tous ceux qui veulent défendre et transformer le service public d'éducation pour une meilleure réussite des élèves, à le faire savoir haut et fort le 2 avril, dans toute la France, dans tous les lieux où se forme la jeunesse d'aujourd'hui et se forgent les savoirs de demain".

Le collectif dénonce une "entreprise de démolition de l'Ecole, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche publics", de la part du gouvernement. AP

Ce soir, la Sorbonne est libre ...

par Sorbonnard, le 26 Mars 2009 à 20:23

Ce soir, 26 mars 2009, la Sorbonne est libre. La Sorbonne, libérée par ceux à qui elle appartient depuis toujours, par ceux qui sont l'université, enseignants, chercheurs, BIATOSS, étudiants, affirme son indépendance à l'égard de toutes les pressions, du pouvoir politique, des forces de l'argent, de tous les contrôles, de toutes les répressions. Ici, depuis cette salle consacrée à la mémoire de l'historien Marc Bloch, nous lançons un appel à la résistance, contre tous ceux qui veulent enfermer l'enseignement supérieur et la recherche dans le carcan du profit à courte vue et de la logique marchande, contre des projets gouvernementaux qui dénaturent nos métiers, qui dévoient nos missions, qui compromettent l'avenir de toute une génération.

Solidaires avec nos collègues en désobéissance de l'enseignement primaire, avec les lycéens et professeurs qui refusent les suppressions de postes dans l'enseignement secondaire, avec les chercheurs qui occupent en ce moment la direction du CNRS, avec tous nos collègues en lutte dans les IUT, dans les IUFM, dans les universités de France et d'Europe, nous affirmons que, de la maternelle à l'université, la production et la transmission du savoir constituent le bien le plus précieux d'une société, parce qu'ils sont gages d'avenir.

La Sorbonne doit être ouverte à toute la communauté universitaire et le Rectorat, comme la police, qui menacent le libre accès au Savoir et les libertés fondamentales, doivent s'en aller. Nous sommes pacifiques, nous sommes déterminés, nous resterons dans ces bâtiments où nous sommes chez nous, nous invitons tous les universitaires à nous y rejoindre pour en faire ce que la Sorbonne doit être : un lieu de liberté et de dialogue.

Les Occupants de la Sorbonne

Paris, le 26 Mars 2009.

"Base élèves" traîné devant l'ONU

LE MONDE | 27.03.09 | 15h08 • Mis à jour le 27.03.09 | 15h44

ls ne sont plus qu'une poignée et pourtant ils résistent. Les opposants à Base élèves 1er degré, du nom du fichier informatisé et centralisé qui stocke les informations recueillies lors de l'inscription de chaque enfant dès l'école maternelle, ne désarment pas. Leur dernière "victoire" : la France sommée d'expliquer par écrit avant le 6 avril aux Nations unies, dans le cadre de la session du Comité des droits de l'enfant, "à quelle mission de service public servira le stockage au niveau national de données nominatives et indiquer les raisons pour lesquelles le droit d'opposition prévu par la loi ne s'applique pas à ce dispositif. Veuillez également informer le Comité (des droits de l'enfant de l'ONU) des conséquences éventuelles que pourrait entraîner le refus des parents de fournir les informations requises sur leurs enfants".

Réunis dans un Collectif national de résistance à Base élèves (CNRBE), des parents d'élèves et des enseignants, relayés par la Ligue des droits de l'homme, contestent ce fichier depuis les premières expérimentations lancées en 2004. Ils ont d'ailleurs réussi à le dépouiller des attributs dont il était doté au départ. Mais continuent de se battre pour obtenir sa suppression. Les uns au tribunal - où les premières plaintes contre X... invoquant le non-respect de la loi Informatique et libertés ont été déposées mercredi 25 mars comme à Grenoble et à Millau - les autres dans les écoles autour des "désobéisseurs" qui, en refusant de renseigner la Base, font l'objet de sanctions et de retraits sur salaire. Un recours en annulation a également été déposé au Conseil d'Etat le 22 décembre 2008.

Quand, après des années de fiches cartonnées, le mammouth décide de basculer dans le tout-numérique, il ne se doutait pas que l'affaire soulèverait une telle indignation. Les collèges et les lycées sont dotés depuis 1995 d'un logiciel (Sconet) qui centralise des renseignements familiaux et scolaires sans que cela ait suscité la moindre vaguelette. L'école se révèle plus frondeuse.

"Les collègues ont mis un certain temps à réagir parce que, au départ, Base élèves leur a été présenté comme une réponse à une de leurs revendications : disposer d'un logiciel équipé des mêmes fonctionnalité s dans toutes les écoles", se souvient Gérard Courdert, délégué du Syndicat des instituteurs et professeurs d'école (Snuipp-FSU) de l'Ain. "En plus, pour beaucoup d'entre eux, l'ordinateur est souvent arrivé avec le logiciel lui-même", précise Pierre Devesa, directeur d'une école primaire dans le même département.

Le logiciel en question se révèle tout sauf anodin : pour la première fois, les écoles se voient tenues de remplir une base de données indiquant les nom, prénom, adresse de leurs élèves, mais aussi leur nationalité, l'année de leur arrivée en France, le suivi médical ou psychologique dont ils font l'objet, leur handicap éventuel.

Sans que le législateur y ait mis son nez, un fichier centralisé et précis voyait le jour, au moment même où, partout en France, des enseignants prenaient fait et cause en faveur de leurs élèves sans papiers et quand, peu de temps avant, l'idée d'un repérage précoce de la délinquance avait provoqué controverse et indignation.

Prenant acte de la fronde, le ministère plie mais ne cède pas, publiant un arrêté "portant création de Base élèves", en date du 20 octobre 2008, épuré des champs de la nationalité, du handicap, de l'absentéisme, etc. Le ministre, Xavier Darcos lui-même, avait estimé, en juin, que ce fichier était "profondément liberticide".

Revu et corrigé, Base élèves, qui contient une cinquantaine de renseignements, dote chaque enfant d'un identifiant national élève qui rejoint la Base nationale. Le tout est consultable en partie par la mairie, en totalité par l'inspection académique. Les parents ne peuvent s'y opposer. La plupart des enseignants cèdent sous la pression, quelques-uns résistent contre ce qu'ils jugent être une opération de fichage.

Pour l'éducation nationale, qui a beaucoup souffert de la grève administrative menée pendant des années par les directeurs d'école, il ne s'agit que d'un outil de bonne gestion. Base élèves a déjà permis de rectifier de "plusieurs milliers" l'effectif des enfants inscrits à l'école. Ramené à 6 millions, c'est peu, mais "un élève de plus ou de moins peut impliquer une fermeture ou une ouverture de classe", défend le ministère.

Mais pourquoi des fichiers nominatifs ? Ils peuvent être "utiles en cas de méningite ou de recherches d'enfants". Ou pour repérer les enfants sans papiers, s'inquiète le Collectif.

Pour ses détracteurs, ce fichier pourrait bien constituer aussi le socle du futur "casier" que risque de traîner derrière lui chaque enfant durant sa scolarité. "L'outil Base élèves est évolutif. La meilleure preuve, c'est qu'il a déjà fait l'objet d'une modification déclarée à la CNIL : elle consiste à pouvoir attribuer le nom d'un enseignant à chaque classe", argumente Christian Drevet, directeur d'une petite école de trois classes à Eydoche, dans l'Isère. Sachant que l'éducation nationale travaille à la mise en place d'"un livret scolaire électronique" qui contiendrait le résultat des évaluations individuelles et qu'un fichier national sur le retard scolaire est également en préparation, qu'est-ce qui interdira de connecter tous ces fichiers à travers l'identifiant de l'élève ?

Des parents s'insurgent, comme Vincent Fristot, de Grenoble, à l'origine du recours au Conseil d'Etat, choqué que ce fichier ait été imposé "sans débat démocratique, sans concertation" . C'est comme si "on nous retirait notre autorité parentale", s'indigne Marylou Waligorsk, dans l'Aveyron. "N'importe quel distributeur est tenu de demander notre avis s'il veut constituer un fichier. Pas l'éducation nationale !", s'insurge Béatrice Koehler, dans l'Ain, qui juge choquant que "grands-parents, amis et nounous" se retrouvent aussi "fichés" à leur insu. Mais il est sans doute trop tard : 80 % des enfants sont déjà inscrits sur Base élèves.

Brigitte Perucca
Article paru dans l'édition du 28.03.09

Des profs débordés exigent des pilules pour leurs élèves

By ehelms

Menaces d'exclusion des cours d'école ou même des classes, tous les moyens seraient bons pour faire pression sur leur entourage.

Interrogée hier par le «Tages-Anzeiger» , l'avocate Susanne Raess confirme se retrouver régulièrement face à des parents victimes de ce chantage. Les profs y auraient recours à cause de conditions de travail difficiles: classes trop grandes, un contact insuffisant avec les élèves.

Cette affaire traduit le flou général qui entoure le diagnostic d'hyperactivité et la prescription de Ritaline. En Suisse, en dix ans, les ventes annuelles de ce produit et des autres marques similaires ont été multipliées par huit! Certains y voient une médication à outrance de la société, à laquelle participent parents, éducateurs et médecins. C'est le cas du pharmacien cantonal neuchâtelois, Jean-Blaise Montandon: «Nous sommes passés à un système où les prestataires de soins sont juste là pour répondre à la demande.»

Dans une étude, il avait montré que la quantité de Ritaline consommée dans son canton avait augmenté de 690% entre 1996 et 2000. «J'ai peur quand on me dit qu'il y a maintenant des classes où cinq écoliers sur vingt prendraient ces médicaments alors que leur cerveau est en pleine évolution.» Selon lui, on joue avec le feu en prescrivant à tout-va cette substance. «Qui sait ce que sont devenus les écoliers qui ont commencé à prendre de la Ritaline il y a dix ans?»

Les autorités ne prennent pas ces inquiétudes à la légère. A Zurich, le gouvernement a demandé un rapport sur les prescriptions du médicament aux écoliers. A Fribourg, le nouveau pharmacien cantonal enverra prochainement une lettre aux médecins pour leur demander de ne pas prescrire la Ritaline sous la pression des parents. -
Hyperactivité : un diagnostic à problème

Le trouble du déficit d'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) toucherait en Suisse 4% des enfants en âge de scolarité, selon une étude vaudoise citée par l'ASPEDAH, l'association regroupant 250 familles concernées par ce problème en Suisse romande. Si la maladie est bien réelle, le diagnostic est toutefois extrêmement difficile à poser, et bien sûr réservé aux seuls spécialistes. En France, une enquête des autorités sanitaires a montré que le diagnostic d'hyperactivité chez les enfants varie de 0,4 à 16% selon les critères utilisés!- C.M.

Psychologues de l’Education nationale : quel avenir ?

ACOP-F : Association des conseillers d’orientation- psychologues de France
AFPEN : Association française des psychologues de l’Education nationale SFP : Société française de psychologie
SNES-FSU (collectif national des conseillers d’orientation- psychologues)
SNP : Syndicat national des psychologues
SnpsyEN-UNSA : Syndicat national des psychologues de l’Education nationale de l’UNSA
SNUipp-FSU (collectif national des psychologues)

A l’heure où le ministre de l’Education nationale annonce des changements dans le recrutement et la formation des enseignants la question des psychologues reste en suspens. Les réponses du ministère, imprécises, suscitent les inquiétudes des organisations professionnelles et syndicales.

Dans le second degré, les conseillers d’orientation- psychologues craignent que les projets interministériels les concernant visent à leur retirer le titre de psychologue. Pourtant leur formation actuelle (bac + 5) réclame peu d’aménagements pour rentrer dans le processus en cours. Quant aux psychologues de l’Education nationale exerçant dans le 1er degré (dits « psychologues scolaires »), ils attendent depuis longtemps une régularisation de leur situation statutaire et demandent une formation alignée sur celle des psychologues des autres fonctions publiques et des autres champs professionnels. Or qu’envisage le ministère ? Un recrutement par un master « métiers de l’éducation et de la formation » qui ne donnerait pas à ces personnels l’usage du titre réglementé par la loi de 1985 et ne leur permettrait plus d’exercer en tant que psychologue.

Alors que les demandes sociales et institutionnelles n’ont jamais été aussi fortes, la politique éducative actuelle fragilise les équipes pluri-professionnel les et les dispositifs d’aides type RASED. Le recours à la précarité est une des solutions du ministère pour combler des manques criants mais ne saurait améliorer la qualité du système éducatif. Alors que dans tous les secteurs professionnels, les besoins de psychologues sont reconnus par les experts et l’opinion, la confusion sur la formation et la baisse notable des recrutements de psychologues dans le 1er et le second degré assombrissent fortement l’avenir de la psychologie dans l’Education nationale. Les organisations signataires alertent sur cette situation très inquiétante et demandent des négociations urgentes sur la question.

Nous demandons un recrutement interne et externe des psychologues de l’Education nationale à partir de tous les masters mention psychologie suivi d’une année de formation spécifique afin d’obtenir un statut identique et la possibilité de travailler en service de psychologie de la maternelle à l’université.

Paris, le 24 mars 2009

jeudi 26 mars 2009

Lancement des Etats Généraux de la Seine-Saint- Denis de la formation des enseignants !

Livry : Le blocage des évaluations des PE2 permet de réunir pour la première fois ensemble IMF, DEA, IEN, CPC, PE2, PIUFM, PE1 !

L'opération de blocage était risquée : une partie, certes minoritaire, des PE2 avait exprimé la veille en AG son désaccord avec ce blocage. Plusieurs formateurs n'étaient pas très favorables et préféraient qu'on se contente de retarder les évaluations plutôt que les bloquer. Bloquer les évaluation risquait de dresser des personnes contre le mouvement. Combien serions-nous vraiment à mettre le réveil à 6h30 pour être là dès 8h ? Cette position n'allait-elle pas ouvrir la voie à des conflits durs avec les autres personnels concernés par les évaluations ? Le déroulement des opérations n'avait pas vraiment été anticipé : chaîne humaine autour du bâtiment, occupation du sas, du hall ? et si certains tentaient de passer quand même, qu'est-ce qu'on ferait ?

A 8 heures, ces craintes semblaient justifiées : les participants n'étaient même pas assez nombreux pour encercler la table où se trouvaient les dossiers d'évaluation !

Et très rapidement, des bonhommes et bonnes femmes jaunes fluo sont arrivés en courant de toutes parts. Des PE1, des PE2 de la vague A non concernés par cette évaluation étaient au rendez-vous. La chaîne est devenue très longue occupant tout le hall, elle s'est agrandie de maître formateurs, de PE2 venus pour leur évaluation. Des échanges se sont engagés avec des I.E.N. Et le tout, dans une bonne humeur empreinte d'une détermination résolue.

Les dossiers d'évaluation ont ensuite été ramenés dans le secrétariat pour que tout le monde puisse se diriger vers le petit amphi. Afin de prévenir toute tentative de réunir des commissions d'évaluation, les trois portes du secrétariat ont été bloquées jusqu'à 10 h, heure trop tardive pour que les commissions puissent commencer à se réunir.

Le petit amphi était bondé. Les autres acteurs de la formation ont pu entendre un exposé très précis sur la réforme et ses enjeux. Tant que 10 heures n'étaient pas passées, il était encore temps de maintenir les commissions, la tension montait, certains jugeaient que l'essentiel (la réunion d'information) avait eu lieu et qu'il était préférable de maintenir l'évaluation pour ne pas dresser des PE2 contre le mouvement.

Peu avant 10 heures, le directeur du site annonce qu'en accord avec l'Inspecteur d'académie et le directeur de l'IUFM, les évaluations pourront être reportées à la semaine suivante ou dans 15 jours (Etonnamment, cette solution, impossible à mettre en oeuvre quand nous en avions fait la demande pour pouvoir participer à la manif du 11 mars, était initiée par l'Administration elle-même). Les commissions étant différées, une assemblée générale est convoquée pour 10h15. Bien que l'amphi se soit en partie vidé, des personnels de toutes catégories, y compris 3 ou 4 I.E.N. décident de rester pour rédiger et adopter un texte. Outre ce texte, l'AG décide de lancer pour le 4 avril les Etats Généraux de la Seine-Saint- Denis de la formation des enseignants.

Au total, nous avons fait la démonstration de notre puissance, de la solidité de notre mobilisation, de notre détermination, de notre capacité à adopter des formes d'action plus radicales qui répondent à l'obstination du gouvernement à mettre en oeuvre ses mesures régressives. Nous avons créé les conditions d'une amplification du mouvement en touchant de nouvelles catégories de personnel, une réunion avec le syndicat F.S.U. des I.E.N. est programmée, l'unité a été maintenue, la poursuite des actions se double d'initiatives permettant des réflexions de fond, avec tous les partenaires de l'éducation, sur les enjeux de l'école et de la formation des enseignants.

Didier Frydman

Les aides spécialisées en danger

Le démantèlement des RASED, merci M. Darcos !

La FNAREN (Fédération Nationale des Associations des Rééducateurs de l’Education Nationale) regrette profondément l’attaque en règle que subissent les rééducateurs, les maîtres E et les psychologues de l’Education Nationale à travers la suppression de 3000 postes de RASED. Nous étions 11500 personnels, nous ne serons plus que 8500 à la rentrée de septembre 2009 ! Nous ne voyons pas comment nous pourrons répondre aux demandes qui ne relèvent pas de l’Aide Personnalisée (les 2 heures de soutien hebdomadaire) ni comment nous pourrons intervenir auprès des élèves et de leurs familles selon l’approche pluridisciplinaire qui caractérise les RASED.

Nous ne nous reconnaissons pas dans cette catégorie de personnel nouvellement créée, les « surnuméraires », que nous découvrons avec étonnement et effarement ! Qui sont ces enseignants spécialisés brusquement arrachés de leur poste qui vont devoir exercer « comme » s’ils appartenaient encore à un RASED alors qu’ils n’en sont plus membres? Comment pourrons-nous encore travailler en réseau avec des équipes amputées?

En effet, en considérant la réforme de M. Darcos sur les RASED et la mise en place anarchique des postes « surnuméraires » dans les académies, nous sommes extrêmement inquiets quant à l’avenir des aides spécialisées en France et de la prise en compte des situations d’enfants, de familles et d’enseignants auprès desquels les RASED intervenaient jusqu’à maintenant. Non seulement les enseignants spécialisés nommés en « surnuméraires » n’auront plus les moyens de dispenser leurs aides spécifiques comme les spécialistes de la difficulté scolaire l’entendent (Cf. notre argumentaire) mais des circonscriptions entières vont se trouver dépourvues et donc dans l’impossibilité de proposer aux enfants l’aide dont ils ont besoin. Les suppressions de postes et les transferts de surnuméraires ne respectent aucune logique et encore moins les besoins du terrain. Les postes E et G ne répondent plus à aucun équilibre alors qu’ils avaient été implantés de manière réfléchie afin d’apporter des réponses plurielles à des difficultés plurielles. Il est de notre devoir de professionnel de vous alerter.

Le Manifeste de notre Comité Scientifique est toujours d’actualité, dès le mois d’octobre ses membres éminents avaient vu clair. Nous vous proposons de le diffuser afin que le Ministère de l’éducation nationale ne rompe pas le pacte républicain qui consiste à permettre à chaque enfant, dans l’Ecole Publique, de bénéficier de l’aide spécialisée à laquelle il a droit pour apprendre.

Au nom des enfants en souffrance à l’école, bien cordialement.

Loïc Douet Vice président de la FNAREN

mercredi 25 mars 2009

de Alain Refalo à son IEN : Monsieur l’inspecteur, soyez loyal, mais non servile !

Objet : Monsieur l’inspecteur, soyez loyal, mais non servile !

Monsieur l’inspecteur,

Mardi 10 mars, pour la cinquième fois depuis le mois de novembre, vous êtes venu dans ma classe pendant une heure sur le temps de l’aide personnalisée. Et pour la cinquième fois, vous avez pu constater que je faisais bien ce que je vous avais écrit le 6 novembre, à savoir une activité théâtre pour tous les élèves, avec l’accord explicite des parents. Combien de visites de contrôle vous faudra-t-il encore pour vérifier que je ne mets pas en œuvre le dispositif de l’aide personnalisée dans le temps extra-scolaire ?

Je viens de recevoir votre troisième rapport de visite. J’avais souligné dans votre premier rapport du 12 décembre les inexactitudes qu’il contenait, tout en acceptant le constat de désobéissance. Vous ne m’avez pas répondu sur les points que je contestais. Je n’ai pas estimé utile de réagir à votre deuxième rapport puisqu’il m’a été communiqué le mercredi 21 janvier lors de l’audience à l’Inspection Académique, audience au cours de laquelle il m’a été signifié une sanction financière sous la forme d’un retrait de salaire deux jours par semaine à compter du 5 janvier.

A la lecture de ce troisième rapport, je crois de mon devoir d’attirer votre attention sur ce que je considère comme une attitude inacceptable vis-à-vis d’un instituteur de la République. Je suis profondément scandalisé par vos commentaires qui vont au-delà de la mission d’observation qui vous a été confiée.

Je cite : « A l’issue de ce nouveau contrôle, je constate que Mr Refalo ne s’applique toujours pas dans son service d’enseignement à mettre en œuvre les conditions nécessaires permettant de dispenser véritablement une aide personnalisée aux élèves de sa classe rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages » (c’est moi qui souligne). (rapport de visite du 13 janvier).

Je cite : « Cette attitude délibérée manque désormais totalement à ses devoirs professionnels (c’est moi qui souligne), en qualité de professeur des écoles et atteste d’un refus caractérisé de remplir correctement la mission qui lui est confiée auprès des élèves ». (rapport de visite du 13 janvier)

Je cite : « Au terme de cette troisième visite, je constate que malgré mes rappels et recommandations réitérés, et ce dans une volonté clairement communiquée de vous convaincre du caractère inadapté de votre attitude professionnelle (c’est moi qui souligne), tant vis-à-vis de vos devoirs et obligations de fonctionnaire que vis-à-vis de l’intérêt même des élèves et des parents de votre classe, je constate et prends acte de votre nouveau refus de faire évoluer d’une quelconque manière la position que vous avez prise ». (rapport de visite du 10 mars)

Je cite : « Ces dispositions maintenues contribuent autant aujourd’hui que précédemment à perturber le bon fonctionnement de l’école, à mettre en cause la cohérence et l’image du service public auquel vous appartenez (c’est moi qui souligne) et auquel vous vous devez d’apporter votre entière contribution professionnelle. » (rapport de visite du 10 mars)

Je cite : « Au vu du nouveau constat de ce jour, je ne peux que conclure à votre refus réaffirmé de ne pas vouloir vous conformer aux obligations de service qui sont les vôtres en qualité de professeur des écoles » (c’est moi qui souligne). (rapport de visite du 10 mars)

Je récuse absolument les jugements sans appel que vous croyez pouvoir porter sur mon travail d’enseignant, qui n’ont d’autre visée que de le discréditer et de le stigmatiser et qui, en définitive, voudraient me déconsidérer et me déshonorer. Les propos accusateurs que vous tenez à mon encontre sont totalement excessifs, outranciers, in-justifiés, in-sensés, in-acceptables. Ils procèdent d’un acharnement vraiment déraisonnable à vouloir me dénigrer.

L’ensemble de ces commentaires vise à instruire une culpabilisation de l’enseignant en essayant de le convaincre qu’il fait mal son travail, qu’il nuit à ses élèves et au fonctionnement du service public. Il s’agit d’une forme de pression morale qui ne peut que chercher à déstabiliser l’enseignant qui s’efforce de raisonner, de penser et d’agir pour ne pas être complice du démantèlement du service public d’éducation. Les enseignants, y compris les enseignants désobéisseurs, ont droit à être respectés dans leur intégrité professionnelle. Par ces jugements que vous portez sur mon travail, à contre-pied de l’ensemble des rapports que mes inspecteurs ont produits depuis le début de ma carrière, vous me condamnez sur le plan professionnel et vous alimentez les éléments à charge qui permettent à l’inspecteur d’académie de prendre des sanctions par ailleurs totalement disproportionné es.

A aucun moment, à l’occasion de vos visites, vous ne vous êtes intéressé à l’ensemble du travail que j’ai mis en œuvre dans le cadre des 24h hebdomadaires obligatoires. Comment juger de la qualité ou de la « nocivité » d’un travail sur la base de l’observation d’un dispositif situé par ailleurs sur un temps extra-scolaire et soumis à l’approbation des parents ? Il s’agit là d’une grave dérive administrative qui ne peut qu’attiser notre révolte.

Pourquoi donc, Monsieur l’inspecteur, tenez-vous à exprimer autant de malveillance à mon égard ? Comment pouvez-vous vous refusez à ce point à comprendre le sens de ma démarche ? Pensez-vous vraiment que c’est en vous enfermant dans une attitude entièrement négative que vous favoriserez une issue constructive au conflit auquel vous devez faire face ?

Ces jugements sont d’autant plus inacceptables que je vous rappelle les faits suivants :

- Lors de votre première visite le vendredi 14 novembre, vous aviez envoyé un mail à l’école à 15h10 pour prévenir de votre visite à 15h30. Il se trouve que ce jour-là, à 13h30, j’ai du amener en urgence à la clinique ma compagne dont la grossesse arrivait à terme. Alors que l’examen n’était pas terminé, j’ai laissé ma compagne à la clinique pour retourner à l’école afin de pouvoir assurer à l’heure la séance théâtre. Les élèves avaient été répartis dans les classes en attendant mon retour. Compte tenu des circonstances, - votre visite impromptue et l’émotion légitime de mon aller-retour à la clinique - je vous ai demandé de reporter cette visite. Vous avez refusé et devant mon insistance, vous avez appelé au téléphone l’inspecteur d’académie qui vous a explicitement dit que je n’avais pas le choix. Chacun appréciera l’humanité de cette décision et de cette attitude alors que je n’étais présent à ce moment-là que par conscience professionnelle et que le bon sens aurait voulu que je reste auprès de ma compagne hospitalisée. J’ai donc rejoint mes élèves et vous avez assisté à la séance théâtre.

- Vous avez totalement justifié et approuvé, à l’occasion d’un entretien récent, la sanction professionnelle de l’inspecteur d’académie, à savoir le refus de promotion au grand choix que je méritais dans le cadre du tableau d’avancement du corps des professeurs des écoles. Cette sanction professionnelle faisait suite à la décision prise quelques jours auparavant de me sanctionner financièrement. Alors qu’en droit français, la double peine n’existe pas, vous considérez de surcroît qu’il ne s’agit pas d’une « sanction ». Selon vous, la promotion devait m’être refusée car le contraire aurait été un encouragement à la désobéissance ! Jusqu’où êtes-vous prêt à aller dans le déni de la réalité et l’allégeance servile à des décisions dont le caractère politique n’a échappé à personne ?

Au vu de ses éléments, je considère désormais que le rapport de confiance professionnel qui devrait nous lier est rompu. Je vous informe donc que je ne souhaite plus votre présence dans ma classe à compter de ce jour, surtout s’il s’agit de constater une nouvelle fois ce que vous savez déjà et que j’assume pleinement. Je vous ferai gagner une heure sur votre temps précieux et mes élèves n’auront plus à me demander : « Pourquoi est-ce que l’inspecteur vient encore dans la classe ? »

Ces visites répétées dans ma classe, les différents rapports que vous m’avez transmis, vos justifications des sanctions financières et professionnelles qui m’ont été infligées constituent une forme de « harcèlement » moral et professionnel que je décide aujourd’hui de dénoncer en tant que tel. Je vous informe que j’ai décidé de m’adresser à un conseiller juridique pour faire valoir mes droits en la matière afin que cesse cette pression permanente qui, forcément, à la longue, porte atteinte à la sérénité de mon travail.

Monsieur l’inspecteur, j’en appelle à votre conscience, à votre responsabilité et à votre humanité. Cessez de trahir votre mission première qui est de soutenir et d’encourager les enseignants dans les classes. Refusez d’obéir à des ordres contraires à l’éthique de notre profession. Renoncez à écrire des rapports à charge qui ont pour objectif de discréditer un collègue. Ouvrez-vous au dialogue vrai sans vous réfugier en permanence derrière une argutie juridique déconnectée des réalités du terrain. Soyez loyal à votre hiérarchie, mais non servile !

Sachez, monsieur l’inspecteur, que le mouvement des enseignants désobéisseurs ne cesse de progresser. 2 650 enseignants du primaire sont en désobéissance ouverte et affichée. Il s’agit du plus important mouvement de désobéissance pédagogique que l’Education Nationale ait connu. A ce jour, la réponse de l’administration est soit de fermer les yeux (comme vous le faites pour un certain nombre de désobéisseurs sur la commune), soit de réprimer certains brutalement par des retraits de salaire et des refus de promotion. Cette incohérence témoigne que votre objectif n’est pas tant de savoir si les dispositifs que vous défendez sont réellement efficaces, que de vous assurez que l’ordre règne dans l’école par l’obéissance des enseignants aux injonctions de la hiérarchie et aux décrets absurdes du Ministère.

Ce mouvement ne faiblira pas, malgré les sanctions. Il est porteur d’une exigence éthique conjuguée à un volontarisme professionnel et pédagogique qu’aucun pouvoir ne pourra briser. Nous continuerons, avec le soutien des parents d’élèves, à défendre l’école publique, aujourd’hui menacée par des lois et des décrets scélérats. Nous ne faiblirons pas dans notre résistance. Plus vous nous sanctionnerez, plus nous désobéirons.

Notre mouvement n’est pas seulement un mouvement de contestation. Il se veut également une force de proposition. Nous attendons que la porte du dialogue s’ouvre avec les enseignants en résistance afin que la raison et la sagesse aient le dernier mot dans l’intérêt du service public d’éducation que nous avons l’honneur de servir.

Je vous prie de recevoir, Monsieur l’inspecteur, l’expression de mes sentiments déterminés et respectueux.

Alain REFALO

Copie à la presse et publication sur le blog Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école

Monsieur le Ministre de l’Education nationale,

Lyon, le 23 mars 2009

Monsieur le Ministre de l’Education nationale,

La FNAREN vient vous dire sa colère et sa stupéfaction à la lecture de la note de service que vous avez adressée aux recteurs d’académie, aux inspecteurs d’académie et aux directeurs des services départementaux de l’Education Nationale. Cette note de service concerne « les maîtres spécialisés de RASED exerçant leurs missions dans une ou deux écoles »…
Quelle est cette catégorie de personnel nouvellement créée que nous découvrons avec étonnement et effarement ? Qui sont ces enseignants spécialisés brusquement arrachés des RASED où ils travaillaient selon leurs compétences et leurs spécialisations, guidés par la circulaire de 2002, qui vont devoir exercer « comme » s’ils appartenaient encore à un RASED alors qu’ils n’en sont plus membre?
Quand nous voyons l’application dans les académies de cette création de « surnuméraires » pour les uns, de « sédentarisés » pour les autres, nous ne pouvons qu’être extrêmement inquiets quant à l’avenir de notre métier de rééducateur et de la prise en compte des situations d’enfants, d’enseignants auprès desquels ils interviennent. Il est de notre devoir de professionnel de vous alerter.
La FNAREN regrette encore une fois profondément l’attaque en règle que subissent les rééducateurs, les maîtres E et les psychologues de l’Education Nationale à travers la suppression de 3000 postes de RASED. Nous étions 11500 personnels, nous ne serons plus que 8500 ! Nous ne voyons pas comment nous pourrons répondre aux demandes qui ne relèvent pas de l’Aide Personnalisée ni comment nous pourrons intervenir auprès des élèves et de leurs familles selon l’approche pluridisciplinaire nécessaire qui caractérise les RASED.
Les rééducateurs exercent un véritable métier qui leur a demandé un long cheminement et une profonde réflexion ainsi qu’une formation spécifique professionnalisante. Ils ont la désagréable impression que tout cela est balayé d’un revers de main, qu’ils ne sont ni entendus ni pris en compte. Les professionnels qu’ils sont n’auraient-ils aucun mot à dire sur les nécessaires évolutions de l’Ecole ?
Nous comptons sur vous Monsieur le Ministre pour considérer le dispositif d’aides spécialisées que représente le RASED, pour nous associer à cette réflexion menée sur les aides et la prise en compte des enfants rencontrant des difficultés à l’école à la fois pour prévenir, réduire l’échec scolaire et améliorer la scolarisation des élèves handicapés.

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de nos salutations respectueuses,
Pour la FNAREN, la Présidente Annie Cassard

Valérie Pécresse veut compter les grévistes, 208 universitaires répondent



le 23 mars 2009

Valérie Pécresse a déclaré avoir demandé aux présidents d’université de recenser les grévistes. En effet, depuis le début de leur mouvement - le 2 février - les universitaires mènent une grève originale. Active, faite d’alternance de cours «normaux» et «alternatifs», de manifestations, d’initiatives culturelles etc.
Un mode d’action qui permet de durer pour maintenir une pression sur le gouvernement. IL ne va pas sans poser de problèmes, et notamment celui du décompte des grévistes. Pour le gouvernement, et Valérie Pécresse en particulier, se pose celui du paiement des jours de grève. Jusqu’alors muette sur ce point, elle a mis la pression sur le sujet en fin de semaine dernière. Voici la réponse que lui font 208 universitaires, signataires du texte ci-dessous :

Paris le 21 mars 2009
Madame,

Vous avez rappelé récemment aux présidents d’université la procédure à suivre concernant le décompte des personnels grévistes. Dans le conflit qui vous oppose à la communauté universitaire, il est compréhensible, puisque l’on vous refuse ou que vous refusez de nous écouter, que vous tentiez d’utiliser une mesure dilatoire concernant nos salaires.
Nous tenons cependant à attirer votre attention sur deux points dont vous mesurerez certainement l’importance et les enjeux :

1. Les enseignants-chercheurs mobilisés dans le cadre de ce qu’ils ont appelé la «grève active» sont présents, plus que jamais, sur leurs lieux de travail et dans leurs missions. Ce n’est pas parce qu’ils ont suspendu des cours qu’ils ne font plus rien en dehors de leur participation au mouvement : il y a des tâches qui s’imposent et que nous ne voulons pas repousser pour différentes raisons (information etManifestation_paris_19_fevrierpaste suivi des étudiants, relations avec les vacataires extérieurs, encadrement de doctorants, notamment étrangers, obligations liées à des publications, obligations éditoriales, etc.). Beaucoup d’entre nous assurent de surcroît des cours, qu’ils appellent « alternatifs », qui s’inscrivent dans le prolongement de leurs recherches, de leurs réflexions, de leurs enseignements. Ouverts à tous les étudiants, aux autres enseignants et chercheurs, parfois à tous publics lorsqu’ils se tiennent «hors les murs», ces cours ne sauraient être tenus pour nuls et non avenus.
Sauf à vous arroger un droit que vous n’avez pas : il ne vous appartient pas, en effet, de décider de la pertinence des choix pédagogiques et scientifiques des enseignants et des enseignants-chercheurs. C’est notre affaire, et celle des équipes pédagogiques auxquelles nous appartenons. Nous doutons, du reste, que vous puissiez prétendre avoir les compétences requises pour apprécier la légitimité universitaire des conférences que nous donnons dans le cadre des cours alternatifs et décréter qu’elles ne ressortissent pas aux obligations de service d’un enseignant-chercheur.

2.Le cas des journées où les universitaires en lutte participent à des journées d’action (manifestations) vous paraît sans doute différent. La chose est plus délicate qu’il n’y paraît. Soit un élément quelconque dans l’ensemble U des universitaires en lutte, que nous appellerons Mme Z. Posons que le mardi, il est prévu que Mme Z. effectue 4 heures de cours : 2 heures avec des étudiants de 1ère année de Licence et 2 heures avec des étudiants de 2e année de Master. Admettons que, pendant toute la durée de la lutte, Mme Z. a répondu par quatre fois à des appels à manifester le mardi. 4/30ème de son salaire lui seront donc retenus. Dès lors, à l’issue de la lutte, Mme Z. est dégagée de toute éventualité d’envisager le rattrapage des cours non effectués et toute autre forme de remédiation. Traitée comme gréviste par son employeur, Mme Z. ne peut à la fois être pénalisée financièrement et encore tenue aux obligations dont la pénalisation financière entérine le fait qu’elle n’y a pas satisfait. Pour les étudiants concernés, cela signifie qu’au lieu des 24 heures de cours prévues, ils n’auront eu que 16 heures de cours. Mme Z., scrupuleusement soucieuse du respect de la maquette des diplômes en question, est donc dans l’impossibilité d’organiser un examen, de produire une note, de statuer sur le semestre et, s’il s’agit d’une année diplômante, de permettre la délivrance du diplôme.

En envisageant d’appliquer de manière comptable et mécanique le décompte des jours de grève à une profession dont le temps d’enseignement est annualisé, vous méconnaissez la réalité de notre travail, vous révélez une fois encore votre incompréhension de ce qu’est réellement l’université et, surtout, vous nous empêchez définitivement de mettre en œuvre, en parallèle de notre lutte ou au terme de celle-ci, des stratégies de remédiation (rattrapage, cours en ligne, travaux de recherche personnels donnés aux étudiants, échanges par courriel, etc.). De fait, vous prenez, seule, la responsabilité de nous empêcher de procéder à des examens et de délivrer des diplômes.

La solution pourrait être que nous acceptions, bien qu’ayant été traités en grévistes de manière comptable, de rattraper les cours en sus de nos obligations statutaires. Il est vrai que nous sommes accoutumés de longtemps à faire bien davantage que ce que nos obligations prévoient : depuis des années, vous ne devriez pas l’ignorer, nous prenons en charge des tâches très lourdes, notamment administratives, sans aucune contrepartie financière, ou en échange de rétributions dérisoires, très largement inférieures au SMIC horaire. Vous comprendrez que, cette fois, la situation est toute différente. Si vous vous pensez en manager, n’attendez pas de vos employés qu’ils vous fassent cadeau et d’une partie de leur salaire, et du temps de travail correspondant. Envisageons la chose sous l’espèce d’une métaphore qui vous plaira sans doute : considérons l’université comme une entreprise qui fabrique des examens et des diplômes par l’assemblage des pièces que sont les enseignements, une entreprise dont vous seriez le manager ultime. Les ouvriers que nous sommes se refuseront à bon droit à produire les pièces manquantes pour la constitution du produit final – l’examen, le diplôme – dès lors que l’application à courte vue des retenues financières les en aura exonérés.

Le conflit qui vous oppose à la communauté universitaire est un conflit social. De nombreux acteurs de l’université (des Présidents, des Conseils d’Administration, des Conseils d’UFR, des sections du CNU, des laboratoires de recherche, des sociétés savantes, des associations de défense de l’université et de la recherche, la Coordination Nationale des Universités, etc.) vous ont pacifiquement signifié en vain, pendant plusieurs mois, leur volonté que les réformes que vous portez fassent l’objet d’une véritable réflexion, d’une véritable concertation. À dire peu, l’enjeu, dont vous dites vous-même qu’il est majeur pour l’avenir du pays, le méritait. La ligne politique que vous avez choisie a contraint notre communauté, faute d’être entendue, à exprimer sa position avec une radicalité grandissante. Plutôt que d’admettre qu’il vous faut nous entendre car vous ne pouvez avoir entièrement raison à vous seule contre notre expertise, et parce qu’un ministre ne peut intelligemment gouverner contre le corps professionnel dont il a la responsabilité, vous avez commis une faute après l’autre. Nous ne saurions être tenus pour responsables de votre incurie. Aux beaux jours, c’est à vous que les étudiants demanderont des comptes. Le monde universitaire, les enseignants-chercheurs, les étudiants, les personnels administratifs et techniques n'ont jamais été aussi déterminés.

En espérant, Madame, que vous accorderez à cette lettre toute l’attention qu’elle mérite.
Avec nos salutations républicaines

1.AMFREVILLE Marc, PR, Université Paris 12 2.AMRANI Sarah, MCF, Études italiennes, Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle 3.ANDRÉ Valérie MCF civilisation britannique Université de Provence: Aix-Marseille 1 4.ANGLADE Sophie, IUT d'informatique, Orléans 5.ATHENOT Éric, PR, Département d'anglais, Université François-Rabelais de Tours 6.BARBANSON Luc, MCF, UFR Sciences, université d'Orléans 7.BAROT Emmanuel, MCF, Université Toulouse le Mirail 8.BAZIN Claire, PR, Anglais, PX 9.BEAUD Olivier, MCF, Directeur du département Sciences du langage, UFR Sciences, universté d'Orléans 10.BEHROUZ Nowbahari, MCF, IUT de Tours 11.BÉLAN Caroline, PRAG, Etudes Anglaises, Université François Rabelais, Tours 12.BELIAKOV Vladimir, MCF, russe, Université de Bourgogne 13.BELL Emma, Maître de Langues, Études anglophones, Université Lyon III 14.BENDIAB Nedjma, MCF, Physique, Universite Joseph Fourrier Grenoble 1 15.BENSIMON Nella, MCF, Études italiennes, Université Paris Ouest Nanterre 16.Bergounioux Gabriel, PR, Linguistique, Université d'Orléans 17.Bergounioux Maïtine, PR, Mathématiques, Université d'Orléans 18.BERTHIN, Christine, MCF, Anglais, Université Paris-Ouest-Nanterre 19.BESSE M.G., PR, Paris 4-Sorbonn 20.BESSON Françoise, Professeur, Anglais, Université de Toulouse-Le Mirail 21.BIÉMONT Jean-Claude, PR, Génie Biologique, IUT de Tours 22.BINDEL Sandra, MCF, Etudes italiennes, Université Lyon 2 23.BIRKS Cécile, MCF, Anglais, Université Paris Ouest Nanterre 24.BIRKS, Ivan, MCF, Anglais, Université Paris 3-Sorbonne Nuvelle 25.BLANCHARD Laetitia, MCF, Espagnol, Paris 4-Sorbonne 26.BONNEFILLE Stéphanie Maria, MCF, Anglais-Linguistique, Université François Rabelais de Tours 27.BONNET Nicolas, PR, études italiennes, Université de Bourgogne 28.BORT Françoise, MCF, Études Anglophones, Université Paris-Est. 29.BOSSI Lise, MCF, Études Italiennes, Université Paris 4-Sorbonne 30.BOURBOUSSON, Jérôme, Moniteur, UFR STAPS, Université de Nantes 31.BOURGUINAT Nicolas, MCF, Histoire contemporaine, Université de Strasbourg 32.BRAULT, Élise, MCF, Anglais, Université de Valenciennes 33.BRESSON Serge, MCF HDR Université Picardie Jules Verne 34.BRIOIS Christelle,MCF, Laboratoire de Physique et Chimiede l'Environnement et de l’Espace, Université d'Orléans 35.BRUNETIÈRE Valérie, MCF, Sciences du langage, Université Paris 5-Descartes 36.BUFFARIA Pérette-Cécile, PR, Études Italiennes, Université de Poitiers 37.BUTTELLI Olivier, MCF, Sciences physiologiques, UFR STAPS, Université d'Orléans 38.CAMUS Marianne, PR, Anglais, Université de Bourgogne 39.CAZALÉ Claude, PR, Université Paris Ouest Nanterre 40.CAZÉ, Antoine, PR, Littérature Américaine, Université Paris Diderot 41.CERVANTES Xavier, PR, Civilisation britannique, Université de Toulouse-II 42.CHABOCHE Josée, MCF, géographe, Université d'Orléans 43.CHAMERON Stéphane, MCF, Psychologie, Université Paris 13 44.CHARTIER Denis, MCF, géographie, Université d’Orléans 45.CHEVALLIER Geneviève, MCF, Anglais, Université de Nice 46.CHUECA Miguel, MCF, Espagnol, Université Paris Ouest Nanterre 47.CINGAL Delphine, MCF, Anglais, Université Panthéon-Assas-Paris 2 48.CLOUZOT Martine, MCF, Histoire médiévale, Université de Bourgogne 49.COELHO FLORENT Adriana, MCF, Département d'études des pays de langue portugaise, Université Paris 8 50.COSSU-BEAUMONT Laurence, MCF, Études américaines, Université de Picardie 51.COUDERC Gilles, MCF, Université de Caen Basse Normandie 52.COULOUMA Flore, Enseignant-chercheur, Anglais, Université Paris Ouest Nanterre 53.CUTUIL Thomas, Doctorant-moniteur, Physique, Université Joseph Fourier Grenoble 1 54.DAMPHOUSSE Pierre, Maître de mathématiques, Faculté des sciences, Tours 55.DE POLI Luigi, PR, Études italiennes, retraité, Université de Mulhouse 56.DE PRINSAC Annie-Paule, MCF anglais Université de Bourgogne 57.DELAHAYE Claire, ATER, Anglais Université de Nanterre 58.DELESSE Catherine, PR, Études Anglaises, Université Nancy 2 59.DELOURME Chantal, PR, Études anglophones, Université Paris Ouest Nanterre 60.DELPORT Marie-France, PR, Espagnol, Paris 4-Sorbonne 61.DIOCHON Nicolas, ATER, Espagnol, Université de Bourgogne 62.DONNAREL Evelyne, MCF, Italien, Toulouse 2 Le Mirail 63.DOS SANTOS Graça, MCF, Portugais, Université Paris Ouest Nanterre 64.DUBOIS Pierre, PR, Anglais, Université François Rabelais de Tours 65.DUFOUR Eric, PR, Philosophie, Université Pierre-Mendès-France Grenoble 2 66.DUPEYRON-LAFAY Françoise, PR, littérature britannique, Université Paris 12 67.DURAND-LOSE Jérôme, PR, Informatique, Université d'Orléans 68.DUTOIT, Thomas, PR, Anglais, Lille 3 69.ECK Bernard, MCF, Histoire grecque, Université de Bourgogne 70.EIZYKMAN Boris, MCF, Esthétique, Université d'Amiens 71.ERTZSCHEID Olivier, MCF, Sciences de l'information et de la communication, Université de Nantes, IUT de La Roche-sur-Yon 72.FABRIZIO-Costa Silvia, PR, Etudes Italiennes Université de Caen-Basse Normandie 73.FISCHBACH Franck, PR, Université Toulouse le Mirail 74.FISCHER Karin, MCF, Anglais, Université d’Orléans 75.FOURTINA Hervé, PR, Etudes anglaises, Université de Bordeaux 3 76.FRAPPER Gilles, MCF, Chimie théorique, Université de Poitiers 77.FUCHS Anne, Retraitée MCF, Arts du spectacle, Nice-Sophia Antipolis 78.GABILLIET Jean-Paul, PR, Civilisation américaine, Bordeaux 3 79.GACON Stéphane, MCF, Histoire contemporaine, Université de Bourgogne 80.GADOIN Isabelle MCF Anglais Paris 3 81.GALLAND Nathalie, MCF, Espagnol, Université de Bourgogne 82.GARNOT Benoît, PR, Histoire moderne, Université de Bourgogne 83.GAUTIER Claude, PR, Philosophie, Université Paul-Valéry Montpellier 3 84.GAVOILLE Elisabeth, MCF, Latin, Université de Tours 85.GENSANE Bernard, professeur retraité, anglais, Poitiers 86.GILLARD-ESTRADA Anne-Florence MCF Anglais Université de Rouen 87.GIRARD Pierre, Doyen de la faculté d'Economie et de Gestion, Université de Picardie Jules Vernes 88.GODARD Marie-Odile, MCF, Psychologie, Université de Picardie Jules Verne 89.GRASSY, Elsa, ATER, Anglais, Université Paris 4 90.GRIMAL Claude, PR, Littérature Américaine, Université Paris Ouest Nanterre 91.GRIVAUD Gilles, PR, Histoire, Université de Rouen 92.GUÉRIN Philippe, PR, Études italiennes, Université Rennes 2 93.GUERLAIN Pierre, PR, Civilisation américaine, Paris Ouest Nanterre 94.GUILLAUME Cingal, Directeur du Département d'Anglais, Université François-Rabelais de Tours 95.GUTLEBEN Christian, PR, Département d'anglais, Université de Nice Sophia Antipolis 96.HARDY Mireille, MCF, Études anglophones, IUT Cherbourg Manche 97.HATCHUEL Sarah, PR, Littérature élisabéthaine, Université du Havre 98.HELVIG Lionel, PRAG EPS, STAPS, Nantes 99.HENRARD Pierre, PR, Physique, Clermont II 100.HILDENBRAND, Karine, MCF, Anglais, Nice Sophia Antipolis 101.HINCHLIFFE, Michael, MCF, anglais, Université de Provence 102.HUGUET Christine, MCF, Études anglophones, Université Charles-de-Gaulle Lille 3 103.JAPPY, Tony, PR émérite, linguistique anglaise, Université de Perpignan 104.JARDILLIER Claire, MCF, anglais, Université du Littoral Côte d'Opale. 105.JORBA Mélanie, PRAG, Études italiennes, Université D’albi 106.KARSKY, Marie Nadia, MCF, Anglais, Université de Paris 8 107.KELLER-PRIVAT Isabelle, MCF, Anglais, Université de Toulouse-Le Mirail 108.KILGORE-CARADEC Jennifer, MCF Anglais, Université de Caen Basse-Normandie 109.LABBÉ Evelyne, PR, Littérature Américaine, Université Paris Ouest Nanterre 110.LABICA Thierry, MCF, Études anglophones, Université Paris Ouest Nanterre 111. LACHAZETTE, Xavier, MCF, Anglais, Université du Maine 112.LALISSE-DELCOURT Nathalie, PRAG, Espagnol, Université Paris Ouest Nanterre 113.LARDY Michèle, MCF, Anglais Université Paris1 114.LAVAUD-FAGE Eliane, PR émérite, Espagnol, Université de Bourgogne 115.LAVERGNE Isabelle, MCF, Études italiennes, Université de Paris 4-Sorbonne 116.LE BRETON Nicole, MCF, directrice du épartement de géologie, UFR Sciences, Université d'Orléans 117.LEMARE Henri, MCF HDR, Études anglophones, Université Paris 3 118.LEROUX Agnès, MCF, Linguistique anglaise, Université Paris Ouest Nanterre 119.LONGUET MARX Frédérique, MCF, Sociologie, Université de Caen, chargée de séminaire EHESS 120.LOUREIRO Emmanuel, Doctorant, Portugais, Paris 4-Sorbonne 121.LOUREIRO Emmanuel, Doctorant, Université Paris 4-Sorbonne 122.LOUVEL LiIiane, PR, littérature anglaise Poitiers 123.LUCIANI Gérard, PR émérite, Études italiennes, Université Stendhal-Grenoble 3 124.LUTON Françoise, MCF, Anglais, Paris 1 125.MAISONNAT Claude, Prof. Émérite, Littérature anglaise, Lumière-Lyon 2 126.MARREC Brigitte, MCF, Anglais, Paris 10-Nanterre 127.MARTIN Céline, MCF, Histoire, Université Bordeaux 3 128.MARTIN Taffy, PR, Études américaines, Université de Poitiers 129.MAZODIER Catherine, MCF, linguistique anglaise, Études anglophones, université Paris 7 Denis Diderot. 130.MELLET Laurent, MCF, Anglais, Université de Bourgogne 131.MENARD Béatrice, MCGF, Espagnol, Paris Ouest Nanterre La Défense 132.MERCIER Jean-Luc, MCF, Génie Biologique, IUT Tours 133.MERCIER Jean-Luc, MCF, IUT Tours 134.MERRIEN Nathalie, MCF, Anglais, université d'Angers 135.MICHLIN Monica, MCF, Études américaines, Université de Paris-Sorbonne 136.MIELLE DE PRINSAC Annie-Paule, MCF, Littératures Anglophones, Université de Bourgogne 137.MILESCHI Christophe, PR, Études Italiennes, Université Paris Ouest Nanterre 138.MONTAUBIN Pascal, MCF, Histoire médiévale, Université d'Amiens 139.MORÈRE Julie, PRAG, Études anglophones, Université de Nantes 140.MORIN François, PRAG, agrégé de mathématiques, Université d'Orléans 141.MOTELICA Mikael, PR, Polytech' Orléans, Université d'Orléans 142.MOTTRET Olivier, PR, Génie Biologique IUT de Tours 143.MOUCHIROUD Christophe, MCF, Psychologie Différentielle, Université Paris 5-Descartes 144.MOUNIC Anne, MCF, Études anglophones, Université Paris 3 145.MURAT Jean-Christophe, MCF, Anglais, Université de Provence Aix-Marseille 1 146.MUZART Idelette, PR, Études Portugaises, Université Paris Ouest Nanterre 147. NICAISE Alain, PR retraité, Linguistique anglaise, Université Paris 12-Val de Marne 148.NOTA Michelle, MCF, Études italiennes, Université de Bourgogne 149.NOWBAHARI Behrouz, MCF, Génie Biologique, IUT de Tours 150.O’BRIEN CASTRO Molly, Lectrice, Anglais, Université Paris 5 151.ORTOLI Philippe, MCF, Arts du spectacle, université de Corse 152.PALMA, Hélène, MCF, Études anglophones, Université de Provence 153.PAYCHA Danièle, PR, Anglais, Université Paris Ouest Nanterre 154.PELLERIN Simone, PR, Littérature américaine, Université Paul-Valéry Montpellier 3 155.PERRIN Denis, MCF, Philosophie, Université Pierre-Mendès-France Grenoble 2 156.PETERS-CUSTOT Annick, MCF, histoire médiévale, Université de Saint-Etienne 157.PHAMKIM-ASSANTE Linh, MCF, Études anglophones, Université Paris Ouest Nanterre 158.PION Patrick, MCF, Anthropologie, Université Paris Ouest Nanterre 159.PIRON Sylvain, MCF, EHESS 160.PREVOST Geneviève, PR, Écologie, Université de Picardie-Jules verne 161.RAGUET Christine, PR, Anglais, Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle 162.RAMBEAU Eric, PRAG, Anglais, Université François Rabelais de Tours 163.RAULINE Véronique, MCF, Études anglophones, Université Paris Ouest Nanterre 164.RAULINE, Jean-Yves, MCF, Musicologie, Université de Rouen. 165.RIBEMONT Bernard, PR, Littérature médiévale, Université d'Orléans 166.RICCIOLI Michael, MCF, Anglais, Paris-Dauphine 167.RICHTER Alexandra, MCF, Allemand, Université de Rouen 168.RINZLER Simone, MCF, Études anglophones, Université Paris Ouest Nanterre 169.ROBERTO Cyril, MCF, Mathématiques, Université de Marne-la-Vallée. 170.ROCHE David, MCF, Anglais, Université de Bourgogne 171.ROSSELIN Celine, MCF, anthropologue, UFR STAPS, Université d'Orléans 172.ROUHETTE Anne, MCF, Anglais, Clermont-Ferrand II. 173.ROUSSEAU Benoit, CR2, UPR 3079, Physicien, CNRS Orléans 174.ROUX Magali, ATER, Anglais, Toulouse II 175.SAINT-JAMES Emmanuel, MCF, Docteur d'Etat en informatique, Université Pierre et Marie Curie 176.SALVADORI Françoise, MCF, SVT, Université de Bourgogne 177.SANCERY Arlette, MCF honoraire, Études anglophones, Université Paris 4-Sorbonne 178.SARRÉ Cédric, MCF, Directeur du Département des Langues, UFR Sciences, Université d'Orléans 179.SAUVAGNARGUES Anne, MCF, Philosophie de l'art, ENS LSH (Lyon) 180.SAVI Caroline, MCF, Études Italiennes, Université Paris Ouest Nanterre 181.SCHMITT Isabelle, MCF, anglais, Université de Bourgogne 182.SCHOTTMAN, Wendy, MCF, anglais, Université Blaise Pascal 183.SERPOLLET Noëlle, MCF Anglais, UFR LLSH, Université d'Orléans 184.SERVAIS Stéphane, MCF, Génie Biologique, IUT de Tours 185.SÉVERAC Alain, PR émérite, Anglais, Université Lyon 3 186.SIPPEL Alexandra, ATER, Anglais, Paris IV 187.SZABO Daniel, Professeur agrégé et docteur en littérature britannique, affecté au lycée d'Evry 188.TAILLEFER Gail, PR, Anglais, Université Toulouse 1 Sciences Sociales 189.TERREL Denise, PR, Département d’Anglais, Université de Nice Sophia Antipolis 190.THÉRY Julien, MCF, Histoire, Université Paul-Valéry Montpellier 3 191.THOLONIAT Yann, MCF, Littérature britannique, Université de Strasbourg 192.THOMAS Bouchet, MCF, Histoire contemporaine, Université de Bourgogne 193.TISON Hélène, MCF, Études anglophones, Université de Tours 194.TOURNES Ludovic, MCF, histoire, université de Rouen 195.TRAMUTA Marie-José, MCF, Études italiennes, Université de Caen Basse Normandie 196. TRANIER Jacques, MCF, Anglais, Université de Caen Basse-Normandie 197.TREVISE Anne, PR, Anglais, Paris Ouest Nanterre 198.TROUSSELARD Sylvain, MCF, Études Italiennes, Université Jean-Monnet Saint-Étienne 199.TUROWSKI Andrzej, PR, Histoire de l'Art contemporain, Université de Bourgogne 200.VANOEFLEN Laurence, MCF, Études Françaises, Université Paris Ouest Nanterre 201.VEGA-RITTER Max, PR émérite, Anglais, université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand 202.VIDALENC Jean-Louis, PR, Études Anglophones, Bordeaux III 203.VIENNE-GUERRIN Nathalie, PR, Études Shakespeariennes, Université Montpellier 3 204.VIGNA Xavier, MCF, Histoire contemporaine, Université de Bourgogne 205.VIGNAUX Michèle, Professeur, anglais, Université Lyon 2 206.VILLEGAS Jean-Claude, PR, Espagnol, Université de Bourgogne 207.VINCENT-ARNAUD Nathalie, MCF HDR, Anglais, Université Toulouse 2-Le Mirail 208.WALKER Jim, MCF, Anglais, Université Lyon 2

Déplacement de l'Empereur SARKOZY 1er à Valence (Drôme)

Ce mardi 03 mars à 11h00, l'Empereur SARKOZY était chez nous, dans la Drôme. A l'heure des économies, à l'heure où il faut se serrer la ceinture, il aura encore "claqué" des millions d'euros pour sa propagande !!! 1265 gendarmes déployés !!! Oui, vous avez bien lu 1265 ! Nous montons la garde 24h/24 à l'aérodrome de Chabeuil et à la gare TGV. Son altesse ne voulant pas venir en Falcon république, il vient en Airbus (plus spacieux et nettement plus "digne" de son rang, du moins le pense-t-il). Seulement, il n'y a pas de rampe pour le faire descendre de l'avion ; ce n'est pas grave, on en fait venir une, vite fait, par convoi exceptionnel depuis Lyon !!! Ce soir, je prends le boulot à 19h30, jusqu' à demain 15h30... C'est ma troisième nuit ! Pour ne pas être gêné, l'Empereur aura la voie rapide Valence/ Romans coupée dans les deux sens pendant 30 mn. 60 voitures d'usagers de la SNCF (sur son passage) seront mises à la fourrière. Si jamais il y avait un contretemps, ce ne serait pas grave : un hélico Puma est tenu à sa disposition ainsi qu'un hélico Gazelle en appui.... Il va donc aller faire le beau sur deux sites (Ecole de Chatuzange-le- Goubet et salle polyvalente d'Alixan) et pour se faire mousser, il a invité 3000 (TROIS MILLE) personnes à un petit vin d'honneur avant de remonter dans son avion à 14h00. Je vous laisse faire le calcul de la facture à l'adresse des contribuables que nous sommes.... Dire que la France est au bord de la faillite et lui, il nous met une balle dans la nuque! En 26 ans, j'en ai fait des services de ce genre (sous Mitterrand et sous Chirac) mais jamais je n'ai vu un tel déploiement et surtout un tel coût ! Pour info, c'est une évidence, mais il est bon de le dire... au moindre sifflet, au moindre tag, à la moindre banderole hostile, le préfet saute ainsi que le Commandant de Groupement de gendarmerie. ...Pauvre France, nous sommes tombés bien bas avec un tel imposteur !
Bonne nuit à tous. Je suis non seulement écœuré mais révolté que tant d'argent soit claqué et que mes voitures de service affichent 250.000 km au compteur...

Signé : Un vieux commandant militaire de la Gendarmerie, qui en a pourtant vu d'autres et c'est peu de le dire.

L'aide spécialisée dans le collimateur de l'Etat

LE MONDE 2 | 20.03.09 | 17h03

Ils ont posé en fin de soirée. Les membres des Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) de l'Oise avaient le sourire malgré tout. La réunion à l'école Suzanne-Lacore de Margny-lès-Compiè gne devait officiellement servir à informer l'opinion. Elle a permis de se serrer les coudes. Ces Rased, la plupart des parents ne les connaissaient pas jusqu'à ce que le gouvernement annonce la suppression de 3 000 postes sur les 11 000 professeurs des écoles qui exercent dans ce cadre. Cette coupe budgétaire aurait dû passer plus inaperçue que d'impopulaires fermetures de classes. Mais la mesure, qui touche en premier lieu les quartiers populaires, a déclenché des réactions si vives que le ministère a dû diviser ses exigences par deux.

Composés d'un psychologue scolaire et d'un ou de deux maîtres spécialisés, ces réseaux, dont chacun couvre plusieurs écoles, tentent de remédier aux blocages sérieux qui freinent les apprentissages grâce à d'autres approches pédagogiques ou éducatives lorsque le comportement de l'enfant l'empêche de devenir un élève intégré dans sa classe. La réunion de Margny a attiré une frange discrète de l'éducation nationale, comme les enseignants qui sont détachés dans des instituts pour handicapés ou travaillent avec des enfants du voyage. Pour eux, la tonalité vire à l'oraison funèbre lorsque le maire de la commune, Bernard Hellal (Pôle républicain), s'exclame : " Vous faites du bon travail, ce serait vraiment dommage de vous voir disparaître."

L'abattement cède parfois la place à des cris de colère désespérée : " Ça commence à bien faire d'entendre que nous sommes des mauvais ! Qu'on nous dise plutôt : on est désolé, vous n'êtes pas en cause, mais on n'a plus de sous pour l'école. " Quant aux parents, minoritaires dans cette assemblée, ils semblent un peu déboussolés par ces réformes récentes dont ils mesurent mal les effets. " Mais enfin, pensez-vous vraiment que tous les enfants accèdent à la réussite aujourd'hui ? N'y a-t-il rien à changer ? ", ose une mère. Une autre regarde avec insistance les consignes de l'évaluation nationale du CM2 qui défilent sur le mur grâce à un diaporama et s'inquiète : " 0,8 = 8 x… ? Ce n'est pas au collège qu'on apprend ça ? "

Pascale Krémer et Martine Valo

lundi 23 mars 2009

Communiqué de la Coordination Nationale des Universités

en réponse à la lettre de Xavier Darcos aux syndicats du 20-03-2009
Samedi 21 mars 2009, 10h30

Dans sa lettre envoyée à l'ensemble des organisations syndicales, Xavier
Darcos, ministre de
l'Education Nationale, annonce le report d'un an de l'entrée en vigueur des
nouveaux
concours. Cette manoeuvre dilatoire, relayée par certains médias, consiste à
faire croire à
l'opinion publique que la réforme de la formation des enseignants est
repoussée d'un an.
Il n'en est rien.
Au lieu d'un report pur et simple de la réforme des concours et de la
formation des
enseignants, X. Darcos propose un montage en deux temps. La «
mastérisation » de la
formation des enseignants, qui constitue le premier volet de la réforme,
aura bien lieu à partir
de la rentrée prochaine, mais avec maintien des concours actuels en 2010. L'allongement
des
études financées par les étudiants et la perte de l'année de stage
rémunérée, y compris pour les
lauréats du concours 2010, sont confirmés par l'application immédiate des
stages de 108
heures. La réforme du concours de recrutement, qui constitue le second
volet, est reportée à
2011.
Loin de clarifier la situation, ce supposé délai n'est qu'une réécriture à
vue d'un décret d'une
invraisemblable inconséquence, proposant une application de la réforme en
deux temps.
La Coordination Nationale des Universités constate que par ce simulacre de
recul le ministère
continue encore et toujours d'afficher son mépris pour tous les personnels
de l'éducation
mobilisés contre la réforme dite « mastérisation des concours ».
La Coordination Nationale des Universités dénonce cette nouvelle supercherie
et exige un
retrait total et sans concession des deux volets de la réforme : réforme des
concours et réforme
de la formation des enseignants. Elle réaffirme que ce retrait demeure plus
que jamais l'un des
préalables indispensables à l'ouverture de toute discussion.
Notre réponse à Xavier Darcos : tous dans la rue le 24 mars !
La Coordination Nationale des Universités

dimanche 22 mars 2009

L’école en danger : Laquelle ?

Un texte de Laurent Carle, Psychologue scolaire

C’est l’alerte. L’école est menacée, l’école est en danger ! Les sonneurs ne cessent d’appeler au combat. La petite musique du carillon « Chacun pour soi et que le meilleur gagne » est à présent couverte par le bourdon « Tous unis et solidaires ». Quels sont les enjeux ? Qui seraient les victimes de la disparition annoncée ? Qui seraient les gagnants ? D’où vient le danger ? Du pouvoir politique ou de l’idéologie dominante ? Des malveillances externes ou des dysfonctionnements internes ?

Si le gouvernement décidait, un jour, de fermer les bureaux de poste, la messagerie et le courrier ne disparaîtraient pas pour autant. Le « service », par un phénomène « naturel » de privatisation, de transfert par vases communicants, serait commercialisé, « assuré » par des entreprises privées. Comme la raison d’être de l’entreprise privée est le profit, le « service postal » ne serait fourni que dans les zones où ce commerce serait rentable. Tant qu’il y a de la demande, il y a de l’offre. En 1948, on a fait plus que supprimer les maisons de prostitution, on les a interdites. La prostitution n’a pas disparu pour autant. Mais à quelles conditions pour les professionnelles et la clientèle ? Si on fermait les écoles publiques, l’enseignement se poursuivrait. Les capitaux privés s’en chargeraient. À condition que ce nouveau secteur économique génère du profit pour les investisseurs et les actionnaires. L’école ne disparaîtrait donc pas. Toutes les écoles seraient privées et en concurrence, comme toute entreprise, comme tout ce qui se marchande et se vend, au besoin, avec des subventions publiques et les dons de mécènes. Le secteur non rentable, l’enseignement aux pauvres, resterait à la charge de l’état, des communes ou des ONG. Comme tout ce qui se dispense, il serait dispensé dans des dispensaires. Le plus rentable est d’enseigner exclusivement à « l’élite », ceux qui apprennent vite, qui ont de l’appétit et l’esprit de compétition. Cette tâche noble peut être confiée aux diplômés de l’université sans qualification professionnelle spécifique. D’évidence, il est, financièrement et intellectuellement, plus économique de trier les enfants à l’entrée, afin de constituer des classes « homogènes », que de donner une véritable formation en psychologie et pédagogie aux futurs enseignants, pour s’adresser à un public hétérogène. Les familles se battraient pour obtenir une inscription dans une école privée et... payante, comme dans les pays anglo-saxons. Car, dans un espace scolaire entièrement privé et concurrentiel, ce ne sont pas les familles qui choisiraient leur école, ce sont les directeurs qui choisiraient leurs élèves. Vrais ou faux, les combats individuels pour « les bonnes écoles » se substituerait aux luttes sociales, comme ils font le quotidien de l’école pour la conquête des diplômes, en période de prospérité. La France se retrouverait dans la situation scolaire d’avant 1880. Reste à voir ce que l’offre privée proposerait. Des diplômes, des savoirs, de l’enseignement, de l’éducation, de la mise en condition, des apprentissages, de la pédagogie ? L’offre de cours magistraux, de préparation aux examens, de bachotage, de compétition, de sélection, de prix d’excellence, de récompenses diverses, de conformation à des « modèles de réussite », de normalisation, de dressage, l’enseignement privé la maîtrise très bien, maîtrise acquise par une expérience de plusieurs siècles. Contrairement aux entreprises privées soumises à une logique financière, le service public national ne se limite pas à satisfaire la demande du moment. Au service de la vie, il répond aux besoins fondamentaux par-delà la conjoncture. Jules Ferry voulait une école différente, une école pédagogique qui, un siècle et demi plus tard, n’ayant pas encore vu le jour, ne peut pas disparaître. En ce temps-là, les hussards en blouse noire ont continué les méthodes traditionnelles de l’éducation catholique des frères des écoles chrétiennes, sans soutane, sans crucifix, sans vierge, sans prières, mais avec le drapeau tricolore et la Marseillaise. On leur avait donné pour mission de convertir en bons Français les petits provinciaux paysans et patoisants, colonisés intérieurs, dont l’état jacobin avait besoin pour défendre la patrie et reconquérir l’Alsace-Lorraine que les envahisseurs prussiens lui avaient enlevée en 70. Ils ont si bien formé ces futurs soldats patriotes que la revanche fut prise et l’Alsace reprise en 14-18. À quel prix ? Au prix de tant de vies qu’il fallut, la guerre finie, remplacer ces pertes humaines et franciser encore une fois les « nouveaux provinciaux » non francophones, immigrés espagnols, portugais, italiens, polonais, africains et nord-africains. Et on recommença après la deuxième (que Brassens n’appréciait pas autant que la première). Depuis qu’elle existe, en façonnant l’enfance à la demande, l’école publique a souvent servi le projet politique de l’époque et l’idéologie dominante du moment plutôt que poursuivi l’idéal laïque de développement harmonieux des enfants du peuple. La patrie n’est plus en danger. L’école de la France européenne du XXIe siècle n’a plus de guerres en préparation. Qu’a-t-elle à préparer ? Comment se définit-elle ? Le système éducatif moderne est-il un prytanée où on apprend à se taire et à obéir avant de penser ? un séminaire où on apprend à croire avant de réfléchir et de critiquer ? une institution où le doute est exclu et la foi de mise ? un lieu de formation à l’esprit scientifique, à la citoyenneté, où on apprend à douter, à réfléchir et à penser avant de croire, d’obéir, d’acheter et de voter ?

Plus que « l’école en danger », il faut défendre le principe de l’égalité de tous les Français pour l’accès à la culture, le droit à l’éducation, à la citoyenneté et au savoir. Plus que l’école, c’est l’idéal républicain de Jules Ferry qui est à défendre. Ce qui est en danger et en voie de disparition, aujourd’hui, c’est le projet d’école éducative et démocratique, celle qui ne se borne pas à transmettre des savoirs « aux plus méritants », faute de ne pouvoir accueillir que des bons élèves, celle qui ne renvoie pas les autres vers les classes de relégation en pré-chômage, vers la consommation de compensation, celle qui offre une variété de dispositifs souples pour répondre à la diversité des élèves, celle qui ne diffère pas la citoyenneté scolaire jusqu’à satisfaction des revendications corporatives. L’école pédagogique n’attend pas les dotations budgétaires, les postes en nombre suffisant, les moyens logistiques satisfaisants pour éduquer une jeunesse qui, elle, grandit sans attendre. C’est l’idée de pédagogie, en perdition depuis des décennies, qu’il faut sauver. La pédagogie, c’est le progrès humain par l’éducation et la démocratisation de l’école. La vocation de la scolarité obligatoire est de répondre aux besoins et non à la demande, de fournir une culture commune à tous les Français et non aux meilleurs d’entre eux. Pour cela, il faut renoncer à l’enseignement sélectif et aux méthodes discriminatoires(1).

Chez les conservateurs de la « nouvelle école », gardiens du musée de l’enseignement, on utilise les bonnes vieilles méthodes qui ont fait leurs preuves. Comme dans tout musée, on regarde et on s’instruit sans toucher. On apprend à lire sans lire : « tu liras quand tu sauras ! ». Depuis 20 ans, les penseurs du passé, adorateurs de la lecture au bruit, honnissent et dénigrent les pédagogues, qu’ils nomment « pédagogistes » pour nous faire croire qu’ils respectent la pédagogie des pédagogues, mais qu’ils dénoncent l’extrémisme des subversifs : « c’est pas pareil ! » En fait, ils ignorent la pédagogie. Ils ne veulent pas de ce qu’ils ne savent pas faire. Plutôt que de s’y former, ils réclament son abolition. Comment peut-on réclamer la mort de pratiques qui « n’affectent » que 5 % d’enseignants, minoritaires et marginaux, invisibles donc aux yeux des fomenteurs de cabales ? Il est vrai que l’école pour tous et l’école du méritantisme ne peuvent ni vivre ensemble, ni se reproduire mutuellement. Ainsi, promouvant une conception élitiste de l’école, ils préparent depuis longtemps l’opinion, sciemment ou inconsciemment, aux projets de démantèlement du service public. La propagande antipédagogique va au devant de la privatisation. Faut-il se rallier aux conservateurs et défendre avec eux une école qui élimine les plus faibles avant de sélectionner les meilleurs ou inventer une école service public d’éducation pour tous ? C’est la question.

Que deviendra l’enseignement déjà assuré par des écoles privées ? Dans la mesure où l’état les rémunère, leur impose un programme et garde un œil sur leurs pratiques, les enseignants privés sont relativement indépendants de leurs employeurs. La libéralisation de l’enseignement leur sera fatale. Prisonniers de leurs employeurs et soumis au principe de rentabilité, ils ne seront plus libres du tout. La liberté économique et professionnelle est un privilège de patron, pas d’employé. C’est le directeur de l’école, sous le contrôle de son conseil d’administration, qui recrutera ses maîtres, pour un contrat à durée déterminée.

Maîtres privés et maîtres publics peuvent fraterniser le temps d’une trêve de Noël. Les financiers ne cesseront pas pour autant la guerre économique. L’argent n’attend pas. Seuls, les enseignants publics, titulaires d’un contrat à vie sont, même mal payés, suffisamment libres économiquement, intellectuellement et socialement pour cesser, s’ils le veulent, de « faire ce qui se fait comme on a toujours fait », pour oser, contre tous les conservatismes, l’innovation pédagogique dans leur classe et l’éducation à la citoyenneté au quotidien. Réclamer plus de moyens pour faire plus de la même chose, c’est s’attacher à ses chaînes. Etre libre, c’est penser différemment et faire autrement. Pour les professionnels de l’éducation (enseignants et encadrement compris), la liberté pédagogique, ce n’est pas la possibilité de choisir sa méthode sur le plateau présenté par l’offre commerciale. C’est la capacité de discerner les actes didactiques concordants avec l’intérêt de l’enfance, de travailler avec la diversité et les intérêts des enfants présents dans la classe, de connaître la psychologie des apprentissages. Pendant que c’est encore possible, sauvons la pédagogie, le seul chemin vers la liberté professionnelle, vers un enseignement de qualité pour tous, seule manière d’enseigner dans une école publique démocratique !

Laurent CARLE (mars 2009)

Darcos plie : la réforme de la formation des enseignants reportée d’un an

par Sylvestre Huet

Xavier Darcos renonce. Il vient d’envoyer une lettre aux organisations syndicales qui annonce le report d’un an de la mastérisation.

Cette revendication fait partie des points durs du conflit en cours. Ce report de la réforme était exigé par les syndicats pour l’ouverture de négociations.

D’après Michelle Lauton, secrétaire nationale du Snesup, que je viens de joindre au téléphone : «C'est un vrai et premier recul.» Mais «il reste un combat à mener, affirme t-elle aussitôt «sur le contenu de cette réforme.» La lettre de Xavier Darcos ( ici en pdf, et ici sur le site du Snesup avec l'analyse du texte par ce syndicat) indique bien, d’ailleurs, les points de désaccord qui subsistent sur le contenu des formations, des concours, la manière d’envisager l’entrée dans le métier, le volet social et (par son absence), l’inconnue sur la façon dont les IUFM seront intégrés aux universités. Bref, il y a encore beaucoup de plain sur la planche.

Xavier Darcos avait beau jouer les matamores et proclamer qu’il allait former et recruter les enseignants sans les universitaires, il a bien dû se résoudre à plier devant la fermeté de ses opposants. Tous ceux qui, dans les universités, ont refusé d’envoyer au ministère de Valérie Pécresse les maquettes (le contenu des formations) de la préparation aux nouveaux concours, ont donc emporté le morceau. La puissance du mouvement dans les universités et les IUFM, ainsi que l’unité retrouvée de la FSU qui a demandé ce report, tous syndicats confondus du primaire au supérieur a lourdement pesé. La CPU elle même n’avait pu que demander ce report.

La demande de report de la mastérisation faisait partie des cinq points considérés comme des préalables à l’ouverture de négociations pour sortir de la crise. Demeurent maintenantles quatre autres points :

► le retrait du projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs et du projet de contrat doctoral,
► la restitution des emplois supprimés en 2009,
► la définition d’un plan pluriannuel de créations d’emplois,
► l’arrêt du démantèlement des organismes de recherche

La mobilisation des universitaires et des chercheurs devrait donc continuer, comme en témoigne le calendrier des
manifestations de la semaine prochaine.

Ce recul, après les pas de deux gouvernementaux sur le statut des universitaires, l’annonce par François Fillon qu’il n'y aurait pas de supression d¹emplois dans les universités... en 2010 et 2011 (mais rien pour 2009) montre à quel point les deux ministres, Matignon et l’Elysée se sont trompé sur la force de mouvement qui étonne jusqu’à ses initiateurs et animateurs (voir ici, une vidéo instructive, l’audition de Jean-Louis Fournel à l’Assemblée Nationale).

Cet après-midi, Valérie Pécresse devait recevoir les syndicats des organismes de recherche. Mais la plupart ont décliné l’invitation, réclamant une négociation «globale». De recul en recul, on y arrive, tout doucement, mais quel gachis ! Or, il semble maintenant évident que c’est l’ensemble des réformes engagées, depuis la LRU, qui doit être mis en cause. Votée dans l’urgence, sans même prendre en compte le mouvement de concentration des structures universitaires en cours, cette loi montre de plus en plus son caractère baclé, en plus de ses vices de conception. Le blocage de la gouvernance à l’université Paris-7 Denis Diderot l’illustre avec éclat. Même le député UMP Daniel Fasquelle parle déjà de loi LRU-2... c’est dire si la première à du plomb dans l’aile.

vendredi 20 mars 2009

ces petits riens ...

Hier petite satisfaction.
L'inspecteur d'académie de toulouse avait organisé une réunion d'info pour la mobilité des postes rased touchés par une fermeture de postes et pour les gens intéressés par les postes à profil. La consigne est passée (bouche à oreille, pas internet pour éviter les fuites) que tous les rased se pointent habillés en noir. Nous sommes donc rentrés dans la salle prévue (un peu plus d'une centaine à mon avis). Pour une fois pas de flics, le secret a été bien gardé. L'inspecteur d'académie adjoint n'a pu commencer sa réunion. Une déclaration a été lue, après quoi nous nous sommes "baîllonés" debout en brandissant des slogans et en faisant entendre un bruit de fond.
La réunion n'a jamais pu se tenir et l'IA adjoint a remballé ses power-point. Nous sommes restés environ une heure dans les locaux.

DEI-France aux côtés des enseignants en résistance


Saint-Denis, le 24 janvier 2009

De nombreux enseignants depuis la rentrée 2008 se retrouvent dans des situations professionnelles en contradiction avec leur conscience professionnelle et citoyenne et certains ont pris le risque d’entrer en résistance vis à vis de leur administration. Cette situation interroge DEI-France qui a examiné leurs motifs de révolte au regard des droits de l’enfant tels que définis par la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) ratifiée en 1990 par la France.

1. L’aide personnalisée, si son intention peut paraître louable, est vouée à l’échec car ses modalités de mise en oeuvre ne tiennent pas compte des besoins spéciaux de développement des enfants en surchargeant un temps scolaire déjà parmi les plus déséquilibrés d’Europe et en ne permettant pas aux enfants d’être plus disponibles aux apprentissages. De plus, elle stigmatise l’enfant très tôt comme élève en difficulté à ses propres yeux et à ceux des autres. Enfin, elle sort du temps réduit de la scolarité obligatoire et se retrouve en concurrence d’activités culturelles, sportives ou tout simplement de repos en famille, à contre courant des dispositions de l’article 31 de la CIDE.

2. L’évaluation nationale (CE1 et CM2) quitte ses finalités éducatives et formatives de fin de cycle. Ce type d’évaluation purement sommative n’est pas au service des apprentissages mais se limite à classer les enfants en fonction de leurs résultats en quatre groupes. Dès lors repérés en fonction de scores, la porte est dorénavant largement ouverte pour des orientations précoces et différenciées pour les enfants alors que les chercheurs en sciences de l’éducation s’accordent pour en dénoncer les conséquences dommageables.

La somme proposée des compétences demandées ne permet pas à tous les enfants de les avoir acquises ou même abordées au moment de l’évaluation et le parti pris de n’attribuer que des valeurs binaires aux exercices (bon/mauvais) rejette la prise en compte de la progression d’acquisition et de ce que nous savons des apprentissages.

Cette orientation ne permet pas de tenir compte des progrès accomplis par l'enfant et/ou son groupe en imposant une logique archaïque et comportementaliste de type réussite/échec, valorisation/dévalorisation.

Les inégalités ainsi pointées entre les enfants permettront des jeux de comparaison entre les classes et les écoles issues de territoires différents. Cette évaluation nationale sélectionne la performance au détriment d’une meilleure réussite de tous les enfants.

Ces deux mesures comportent un risque fort de permettre des discriminations et sont contraires aux dispositions de l’article 29.1.a de la CIDE, selon lesquelles l’éducation doit viser à favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques dans toute la mesure de leurs potentialités.

L’épanouissement de l’enfant, à la base et la motivation de la défense de ses droits, semble décidément aujourd’hui un mot banni par le vocabulaire officiel de l’Education Nationale, (le terme éducation lui-même, étant souvent employé au sens de « rééducation »).

La réduction non seulement du temps mais aussi des ambitions de l’école autour de la transmission des savoirs fondamentaux dans deux matières survalorisées, et sanctionnées selon des modalités de plus en plus « dramatisées », ne va pas dans le sens de l’établissement des relations de confiance, de contenance, de continuité et de valorisation qui sont pourtant nécessaires aux enfants.

3. La base de données « Base-élèves », quant à elle, est un outil de suivi informatique unique destiné aux municipalités et aux écoles avec des champs théoriquement séparés ; cette base commune entre collectivités et écoles peut susciter des inquiétudes concernant la vie privée des enfants (article 16 de la CIDE), mais aussi la neutralité du traitement dont, à terme, ils pourraient faire l’objet du fait d’un risque fort d’interconnexion ou de recoupements avec d’autres fichiers. Pourtant, les parents ne peuvent pas s’opposer à l’inscription de leurs enfants dans « Base élève 1er degré », ce qui est contraire à l'esprit de l'article 5 (respect de la responsabilité, des droits et des devoirs des parents) voire de l'article 2.2 de la CIDE (non discrimination des enfants du fait de la situation de ses parents et de sa famille).

Certes la version actuelle de Base élèves a été expurgée des champs qui avaient légitimement suscité une polémique, mais une fois cet outil en place, son renseignement s’impose à tous les enseignants, et l’on peut craindre qu’une évolution future de son contenu n’en permette un usage différent non conforme aux droits de l’enfant.

Pour l’ensemble de ces raisons, DEI- France, section française de Défense des Enfants International, aux côtés des enseignants en résistance, demande que soient remises en débat ces réformes très discutables au regard de la CIDE, dans le cadre d’assises nationales de l’éducation publique, comme y appellent de très nombreux mouvements d’éducation aujourd’hui[1].

Une semaine après le dépot des motions en faveur des Rased, quel avenir pour ce dispositif ?

Nous interrogeons Loïc Douet , vice-président de la FNAREN, une association de maîtres des Rased.

par le café péda

Xavier Darcos a annoncé l'annulation de la suppression de 1500 postes des Rased. Est-ce ce que vous constatez sur le terrain ?


Effectivement les inspections académiques ont les mains libres pour faire ce qu'ils veulent dans le cadre fixé par le ministre. Si je prends un exemple précis, celui des Yvelines, il y a 83 postes à rendre au titre des Rased. L'inspection académique va en rendre 50 à 60 pris parmi les départs en retraite et les faisant fonction. Après cela une quarantaine de collègues des Rased seront envoyés en surnuméraires dans les écoles.

C'est là que réside la supercherie. Les 1500 postes ex-rased mis sur postes surnuméraires c'est bien des postes de Rased supprimés.

En quoi ce que font les Rased ne peut se faire dans le cadre de ces postes surnuméraires ?


Le principe des Rased c'est de pouvoir répondre à la pluralité des difficultés scolaires. Or celles-ci ont des origines différentes et plurielles. Il faut apporter des réponses différenciées. Dans les Rased on trouve des maîtres avec des spécialités différentes qui peuvent apporter ces réponses différentes.

D'autre part, les inspecteurs d'académie vont demander des aides pédagogiques uniquement. La mission spécifique des Rased sera diluée dans ce système. Par exemple sur Paris, les postes inscrits en surnuméraires vont dépendre des IEN et des directeurs. Dans certaines écoles ils feront peut-être le choix de créer une classe en plus. Ou de la remédiation pédagogique. Au ministère, vous l'avez vu le 22 janvier, on n'a pas pu nous spécifier que les postes surnuméraires resteraient Rased. Dans tous les cas les Rased vont perdre 3 000 postes.

Il faut comprendre que la particularité des Rased c'est l'esprit systémique. On a un répertoire large face aux élèves en difficulté. Notre travail ne se limite pas à la difficulté scolaire. On fait aussi de l'aide à la parentalité, on prend en compte tout l'environnement de l'enfant. Ce qu'on reproche à X Darcos c'est de réduire les Rased à une dimension "aide et soutien".

Justement, vous avez su rendre votre mouvement extrêmement populaire. Quelle relation avez-vous aujourd'hui avec le ministère ?

Notre pétition a reçu plus de 250 000 signatures. C'est énorme mais on se demande si vraiment cela a été perçu. On a utilisé toutes les voies institutionnelles pour se faire entendre (pétitions, élus etc.). Or rien ne se passe. D'après le Snuipp, Sarkozy aurait reconnu que l'aide individualisé e mise en place ne suffit pas mais ce n'est pas une déclaration officielle.

Malgré les demandes des syndicats, on est toujours pas invités dans les réunions au ministère. Nos propres demandes d'audience restent sans réponse si ce n'est que le ministère soutient notre congrès à Saint-Etienne en juin. On va y inviter X. Darcos…

Comment expliquez vous ce silence ?

Il y a deux raisons à nos yeux. D'abord le budget qui a été voté et où figurent 3 000 suppressions de postes. Ensuite peut-être que le ministre ne veut pas reconnaître qu'il s'est trompé ?

Qui sont les élèves suivis par les Rased ?

Ce sont des enfants en grande difficulté scolaire. Socialement ce sont des gosses dont les parents ne maitrisent pas les codes de l'Ecole et sont eux aussi en difficulté. Mais dans mon propre secteur je trouve aussi bien des enfants des barres d'immeuble que des villas périurbaines.

Si vous disparaissez que vont devenir ces enfants ?

Je pense que l'objectif que poursuit le ministre c'est de médicaliser la difficulté scolaire, de la faire passer sur le budget de la Santé à travers les Centres Médico Psycho Pédagogiques (CMPP), les orthophonistes ou encore les maisons du handicap. Des structures où la liste d'attente est longue : au moins 6 mois dans les Yvelines.

Malgré les Rased et les aides, une étude de la Depp publiée très récemment montre que le niveau en CM2 a baissé depuis 20 ans. Comment l'expliquez vous ?


L'action des Rased n'a jamais été évaluée. Mais il y a bien des éléments à faire entrer en jeu. D'abord on peut s'interroger s'il faut évaluer une population d'élèves qui a beaucoup évolué avec les mêmes items à 20 ans de distance. Sur cette période on a vu diminuer les heures de cours de 27 à 24 heures. De nouvelles matières sont apparues : anglais, informatique par exemple. Le contexte social s'est métamorphosé.

En ce qui concerne l'adaptation scolaire (ASH), il faut dire que le passage des GAPP aux Rased s'est fait sans moyens supplémentaires. Le projet de ratio entre le nombre d'élèves et les secteurs Rased ne sont pas respectés. De nombreux postes spécialisés ne sont pas pourvus. On a fermé les classes de perfectionnement et d'adaptation sans donner de moyens supplémentaires pour aider ces enfants en grande difficulté. On les a envoyé en classe ordinaire. Pas étonnant que l'échec scolaire progresse…

Loïc Douet, Vice-président de la Fnaren

dimanche 15 mars 2009

ça fait peur ...

"Son blog déclenche une enquête de police"

Un lycéen a mis en ligne un site sur les réformes Darcos. La police s’est déplacée dans son établissement pour obtenir son dossier scolaire

Hélène Bréault

Stéphane*, un lycéen de 15 ans habitant à Bry-sur-Marne, ne se doutait pas que créer un blog aurait de telles conséquences. A peine en service, son site consacré aux réformes Darcos a été repéré par la police. « C’est même la DCRI (NDLR : Direction centrale du renseignement intérieur), ex-renseignements généraux, qui s’est présentée dans son établissement du Perreux pour demander son dossier scolaire », détaille Johan Ankri, conseiller municipal de Bry (PS).
Le jeune homme n’a toujours pas compris ce qui a pu se passer… « J’ai participé aux manifestations contre les réformes Darcos et les suppressions de postes, raconte Stéphane, élève de seconde. Avec un ami, nous avons pensé qu’il serait intéressant de créer un blog pour informer les jeunes du Val-de-Marne des mouvements de grève, expliquer les réformes et leurs conséquences. » Le blog CIL 94170 (Comité indépendant lycéen) est mis en ligne pendant les vacances de Noël et, début janvier, après une rapide discussion téléphonique avec une journaliste, s’est retrouvé dans les colonnes d’un hebdomadaire.
« Que fait-on du droit d’expression ? »
« En rentrant de vacances, le 5 janvier, on a un peu parlé du blog entre nous, mais sans plus. Le lendemain, le conseiller principal d’éducation est venu me chercher en classe et m’a interrogé sur le site. J’ai appris que deux policiers étaient venus au lycée pour avoir des renseignements sur nous et nos parents. Depuis je n’ai pas de nouvelles. Je sais seulement que le blog a été désactivé il y a quelques jours et c’est frustrant. » Une décision prise apparemment par le cocréateur du blog.
Pour les parents de Stéphane, par ailleurs délégué de classe et membre du conseil municipal des jeunes de Bry, l’enquête de police est disproportionnée. « Que fait-on du droit d’expression ? s’insurge son père. Ces deux adolescents ont simplement voulu s’impliquer dans la vie citoyenne, ouvrir le débat sur les réformes de l’Education. Maintenant, on leur demande de s’écraser, de ne pas faire de vagues, c’est inacceptable. » Les parents vont engager des démarches pour savoir si leur fils sera fiché dans une quelconque base de données policières.
Johan Ankri a écrit à plusieurs parlementaires et au ministère de l’Intérieur pour « faire part de son indignation devant ce comportement de l’Etat, qui constitue une atteinte à la liberté d’opinion et au droit d’expression. »
Contacté, le ministère de l’Intérieur n’a pas apporté de précisions sur cette affaire. Stéphane va poursuivre son engagement citoyen au sein du conseil municipal des jeunes de Bry. « La leçon que j’ai retenue de cette histoire, c’est : Tais-toi quand tu parles. »

* Le prénom a été changé.

sources : HYPERLINK "http://resistance94.over-blog.com/article-29027634.html
Le Parisien

A Montparnasse, jeudi 5 mars


La presse est restée silencieuse sur les événements qui ont eu lieu jeudi 5 mars vers 19h00 gare Montparnasse.

Seul les sites Bellaciao et Indymedia Toulouse relataient quelques témoignages.

A l'issue de la manifestation des étudiants, un groupe décide d'occuper pendant un moment les voies de la gare. Au bout d'un moment les CRS chargent en pleine gare avec les dommages collatéraux qu'on peut imaginer !

Ces faits se sont déroulés ce jeudi 5 mars au retour d’une sortie pédagogique à l’Assemblée Nationale dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté.
Alors que les élèves attendaient leur train, les CRS ont chargé dans la gare Montparnasse sans discernement les manifestants auxquels nos élèves ont été mêlés. Ils ont alors été traités avec la plus grande violence. Ils constatent que plus de dix élèves ont été bousculés, frappés, jetés à terre, blessés comme en témoignent les certificats médicaux délivrés sur place. Ils constatent également que tous les élèves gardent un souvenir terrorisé de cette expérience. Ils constatent enfin que les enseignantes responsables et encadrant la sortie pédagogique ont été également malmenées au point de se voir délivrer un arrêt de travail. Ils témoignent aux élèves et à leurs collègues victimes de ces violences policières inacceptables leur totale solidarité.

Ce comportement brutal met gravement en cause toutes les mesures éducatives et citoyennes mises en place par les personnels de l’établissement pour les élèves d’un collège situé par ailleurs en zone d’éducation prioritaire. C’est pourquoi ils ne sauraient admettre ces violences policières et décident collectivement de déposer plainte pour coups et blessures. Ils décident d’alerter leurs autorités de tutelles : Inspecteur d’Académie, Recteur, Ministre. Ils se tournent également vers les élus afin que les responsables soient désignés et poursuivis, pour que de tels comportements ne se produisent plus jamais. Ce lundi 9 mars l’ensemble du personnel et des parents d’élèves appelle la communauté scolaire à manifester son indignation en participant massivement à un rassemblement au collège de 16h à 17 h.

Coincés à Paris entre étudiants et CRS, des collégiens de Cenon (33) ont été bousculés et frappés par les forces de l'ordre à la gare Montparnasse

In Sud-Ouest

Jusque-là, ce jeudi avait été plutôt chouette pour la classe de 3e C du collège Jean-Jaurès à Cenon. Arrivés tôt dans la capitale avec leurs professeurs de français et d'histoire-géo, ces adolescents de la banlieue bordelaise avaient commencé par l'objectif premier de cette journée-découverte : l'Assemblée nationale. Dans ce haut lieu de notre république, ils avaient assisté à une séance parlementaire. Mais après la tour Eiffel et le musée du Louvre, ils ont fait connaissance avec les Compagnies républicaines de sécurité (CRS). Impression radicalement différente.
« Il était 19 heures et nous attendions notre train devant les voies de la gare Montparnasse », raconte Corinne Pébarthe, l'une des deux enseignantes. « Après le passage d'un groupe de manifestants étudiants qui chantaient, les CRS ont surgi très vite. » Les témoignages semblent concorder : venus de plusieurs endroits à l'issue de la manifestation qui a eu lieu à l'extérieur, une trentaine de policiers chargent en direction des étudiants... sauf que cela se passe dans un hall de gare bondé à cette heure. « On s'est retrouvés coincés », raconte Jordan Torres. « On criait qu'on était des collégiens mais rien à faire : j'ai pris des coups de matraque aux jambes et au poignet. » Une dizaine d'autres élèves sont frappés. « J'ai été plaquée contre un distributeur de boissons », raconte Mme Pébarthe. Entorse cervicale. « Et pas une explication lorsque je suis allé voir le lieutenant. »

Dépôts de plainte

Dans le train qui les ramène enfin vers Bordeaux, les élèves et leurs accompagnatrices sont choqués. Une femme-médecin militaire de Mont-de-Marsan les examine et les réconforte. Les blessures ne sont pas graves mais les contusions réelles. « Mon fils voulait devenir gendarme », soupire José Torres. « Même si je lui ai expliqué que c'était exceptionnel, il est bouleversé. Ce qui s'est passé est incroyable. »
Hier, il a porté plainte pour violences sur mineur, comme plusieurs parents, comme les deux professeurs, comme le collège Jean-Jaurès. « Le choc était général », explique Sylvie Védélago, principal de l'établissement.
Dans un communiqué, le Snes (Syndicat national des enseignements de second degré) s'insurge contre « la violence gratuite des forces de l'ordre », réclamant que toute la lumière soit faite sur ces événements. La sénatrice-maire d'Artigues, commune voisine, a écrit au Premier ministre et à la ministre de l'Intérieur. Des gendarmes sont venus auditionner enseignants et enfants présents. Les plus touchés étaient restés chez eux. Jordan est au repos pour huit jours.

Vidéo trouvée sur Dailymotion

Dépôt de plainte de profs et élèves de Gironde molestés par des CRS à Paris

Source AFP

Des enseignantes et des collégiens de Cenon (Gironde) ont déposé plainte, affirmant avoir été molestés par des CRS qui intervenaient jeudi soir à la gare Montparnasse pour une manifestation d'étudiants, a-t-on appris lundi auprès de l'établissement.

Venue pour la journée à Paris à l'occasion d'une sortie scolaire, une classe de troisième du collège de Cenon, dans la banlieue bordelaise, attendait à la gare le train du retour lorsqu'elle a été entraînée dans l'intervention des CRS, certains des élèves recevant des coups de matraque et de bouclier, a raconté à l'AFP Corinne Pébarthe, l'une des deux enseignantes accompagnatrices.

"Nous étions près des panneaux d'affichage lorsqu'on nous a annoncé que des étudiants bloquaient les voies. Un groupe d'étudiants est passé près de nous, puis des gens ont commencé à courir et on a vu derrière des CRS qui chargeaient. Tout s'est passé très vite. Les CRS m'ont projetée contre un distributeur, des élèves ont reçu des coups de matraque dans le ventre, sur la jambe, le visage", a-t-elle détaillé.

"Les élèves essayaient de se protéger derrière des poubelles", a-t-elle poursuivi ajoutant qu'elle-même avait été victime d'une entorse cervicale qui lui a valu trois jours d'interruption temporaire de travail (ITT).
Les deux enseignantes ont déposé plainte à la gendarmerie de Tresses (Gironde) ainsi que la plupart des parents d'élèves ayant subi des coups, "une dizaine au total", a indiqué Mme Pébarthe. "Ce qui s'est passé est un déni de démocratie", a-t-elle jugé.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de la gendarmerie d'Aquitaine a confirmé le dépôt de plainte, sans plus de précision.

Le procureur adjoint de Bordeaux, Christian Lagarde, a précisé à l'AFP qu'aucune information judiciaire ne pouvait être ouverte à Bordeaux, les faits s'étant déroulés à Paris.

Sylvie Vedelago, principale du collège, a précisé que les élèves contusionnés étaient de retour normalement en cours lundi et que l'établissement ne portait pas plainte.

La préfecture de police à Paris a indiqué à l'AFP qu'elle avait saisi lundi matin l'Ispection générale des services (IGS) "pour déterminer les conditions d'interventions des forces de l'ordre".